43% des jeunes au chômage dans les cités !

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Alors que la « culture de l’excuse » est constamment montrée du doigt  lorsque l’on évoque les problèmes des banlieues (comme pas plus tard que vendredi dernier dans l’émission C dans l’air consacrée à Marseille), Le Monde s’est procuré les résultats du rapport 2009 de l’Observatoire des zones urbaines sensibles (Onzus). Les chiffres sont plus qu’accablants.

Une situation extrêmement dégradée

Logo Pole EmploiDans les 751 zones urbaines sensibles étudiées, le rapport 2009 de l’Onzus révèle que 43 % des jeunes hommes actifs et 37 % des jeunes femmes se trouvaient au chômage.

Sur quasiment chaque critère étudié la dégradation et la marginalisation des banlieues est plus frappante. Parmi les chiffres les plus marquants on notera que les ZUS (Zones Urbaines Sensibles) comptent :

  • 18,6% de chômeurs pour l’ensemble de la population des quartiers) soit le double des autres territoires urbains
  • deux fois plus de bénéficiaires des minimas sociaux
  • deux fois plus de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté
  • trois fois plus de bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU).

Qu’il s’agisse de chômage, de réussite éducative, de santé ou de sécurité, les ZUS connaissent donc une situation extrêmement dégradée.

Le rapport analyse aussi qu’il ne faut pas se réjouir trop vite des chiffres annoncés. En effet « la diminution globale des faits de délinquance signalés à la police (- 11% depuis 2005) est en réalité intervenue grâce à la baisse des actes les plus courants et les moins graves (atteintes aux biens en baisse de 15%) alors que les actes les plus traumatisants (atteintes aux personnes) ont progressé (+7%)« . (Source Le Monde)

Là où l’on confond cause et excuse

A entendre certains, en publiant ce genre de chiffres et les analyses qu’ils suggèrent, les sociologues et les politiques seraient en pleine « culture de l’excuse« , qui ne ferait qu’aggraver le problème en déresponsabilisant les jeunes de banlieue (qui devraient plutôt « se prendre en main« ) et en détournant l’attention des vraies solutions aux problèmes (globalement : plus de fermeté, moins d’assistanat).

Si l’on est face à un classique clivage droite/gauche sur les solutions à apporter aux problèmes de sécurité, ces commentaires commettent tout de même une grossière erreur en confondant la recherche des causes avec la recherche d’excuses. Le but ici n’est pas d' »excuser » – encore moins de pardonner – mais bien de chercher la raison, de comprendre. Remarquez cet amalgame entre raison et excuse est plutôt commun, puisque Nicolas Sarkozy lui-même l’utilise régulièrement. On se rappelle de sa sortie sur TF1 en novembre 2007, à propos de cette situation dans les banlieues : « quand on essaye d’expliquer l’inexplicable, on commence à excuser l’inexcusable« . Certes, la formule est jolie mais… Non M. Sarkozy ! Chercher à comprendre n’est pas chercher une excuse ! Cela permet juste de mieux appréhender un problème avec un peu plus de recul.

La démarche de l’explication relève tout simplement du pragmatisme. Il faut se poser les vraies questions : qu’est-ce qui est criminogène dans les banlieues ? Comment en est-on arrivé là ? Tant qu’il y aura 43% de chômage chez les jeunes des ZUS, peut-on raisonnablement espérer lutter efficacement contre le trafic de drogue ? etc… Et cela n’a rien à voir avec le fait d’excuser les criminels. Encore une fois, il ne s’agit que d’une démarche pragmatique…

En refusant la recherche d’explication d’un problème on ne s’attaque généralement qu’aux symptômes, rarement aux causes réelles. Soigner les symptômes apaise et  donne l’illusion de résoudre le problème à court terme,  en revanche oublier de s’intéresser aux causes de la maladie fait qu’elle revient inexorablement. C’est en cela qu’un peu de sociologie fait du bien : en donnant des clés pour comprendre les raisons et ensuite pour proposer des solutions plus durables. Pas pour blanchir les actes condamnables.

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