Molex: l’impuissance des pouvoirs publics face aux patrons voyous

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« Nous sommes très surpris que le gouvernement français interfère dans nos relations commerciales »

C’est par ces mots qu’Ana Rodriguez, vice présidente de Molex a dénoncé l' »attitude agressive » de la France envers sa compagnie (source La Dépêche).

Molex, une affaire pas si complexe

Molex à la base, c’est une histoire relativement claire (issue de la chronologie du Nouvel Obs) :

  1. Un groupe Américain rachète des unités en France : En 2004 l’équipementier automobile Molex, basé dans l’Illinois, s’implante en France en achetant les sites de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines) et de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) à la la SNECMA
  2. Il décide ensuite de fermer un site pour délocaliser : En Octobre 2008 Molex annonce sa décision de fermer le site de Villemur-sur-Tarn qui emploie presque 300 salariés. Objectif : une délocalisation en Chine et aux Etats-Unis.
  3. Le Gouvernement s’en mêle : Après de nombreux écueils, et des échauffourées, Christian Estrosi ministre de l’Industrie, prend les choses en main en nommant un médiateur, Francis Latarche (Août 2009). Un plan social est alors négocié sous l’égide du Gouvernement. On cherche aussi un repreneur. sans succès.
  4. L’usine ferme : Alors que l’usine ferme (Octobre 2009) de nombreux salariés restent impayés.
  5. Le groupe Américain liquide sa société Française : Le 14 Octobre 2010, le groupe américain Molex annonce qu’il va engager la liquidation judiciaire de sa filiale française Molex Automotive SARL.
  6. Le plan social n’est plus financé : Molex Automotive SARL étant chargée du paiement des congés de reclassement et du Plan de sauvegarde de l’emploi, de ce fait Molex cesse de financer le plan social.
  7. Des bénéfices records sont annoncés : Le 28 Octobre 2010, Molex annonce un bond de son chiffre d’affaires de 33% à 898 millions de dollars (649 millions d’euros) et un bénéfice net de 54 millions d’euros sur le troisième trimestre, permettant par la même occasion aux actionnaires de voir leurs dividendes croître de 14,8%.

Que s’est-il donc passé ?

Les récents évènements déclenchent l’indignation de l’ensemble de la classe politique. Christian Estrosi en tête, lui qui avait pourtant pris les choses en main l’année dernière. Comment en est-on arrivé là ?

Gérard Bapt, député de la troisième circonscription de la Haute-Garonne – qui a indiqué vouloir intervenir cette semaine à l’Assemblée Nationale sur le sujet – s’étonne de cette indignation, et ébauche une explication :

« Le ministre de l’Industrie s’est élevé contre les agissements du groupe Molex mais faut-il rappeler que son collègue, ministre du Travail, Éric Woerth avait autorisé, contre l’avis de L’Inspection départementale du Travail, le licenciement des salariés protégés membres du comité d’entreprise et représentants syndicaux ? Faut-il rappeler qu’un conseiller de ce même M.Woerth appartient à un groupe financier qui a assisté la direction de Molex dans la phase de liquidation ? Ces derniers après avoir été privés de leur emploi, sont aussi spoliés d’indemnité légale. » (source La Dépêche)

Ce qu’Ana Rodriguez de son coté ne dément pas en expliquant que la société a été liquidée (avec donc pour conséquence l’arrêt du financement du plan sociale) sur les conseils de leur avocat, et à la suite du dépôt de 188 plaintes de salariés aux prud’hommes. Elle précise qu’elle reste ouverte aux discussions dans la mesure où « les 188 plaintes sont retirées » (source Les-Echos).

A voir si les salariés privés d’indemnités seront prêt à retirer leur plaintes. A la vue de l’historique du dossier, on peut en douter…

Et maintenant que faire ?

L’Élysée est tout d’abord intervenu auprès des Groupes PSA-Peugeot-Citroën et Renault concernant leur approvisionnement en pièces usinées par l’entreprise Molex, en leur demandant de cesser toute activité commerciale avec l’entreprise de Chicago (source Autonet). Ce à quoi Renault répond que bien qu’il « comprenne l’indignation du Gouvernement » il ne travaille que très peu avec Molex directement (source Le Point). Quant à Peugeot, l’État n’ayant aucune part de son capital on voit pas en quoi il aurait son mot à dire sur ses affaires internes…

De son côté, Christian Estrosi, considère la décision de Molex comme étant « inacceptable et scandaleuse » et affirme que le fabricant devra répondre de ses actes devant les tribunaux français (source La Dépêche). Il s’est par ailleurs engagé à verser aux salariés lésés les sommes dues par leur ancien employeur (source l’Expansion). Selon un refrain déjà bien connu : on privatise le profits, mais on nationalise les pertes…

Pour s’en assurer à l’avenir, Jean-Christophe Lagarde, député-maire Nouveau Centre de Drancy (Seine-Saint-Denis) a annoncé vendredi dans un communiqué qu’il déposerait mardi prochain une proposition de loi tendant à assurer le financement public des plans sociaux. Expliquant que « conformément au droit social français, c’est l’Etat français qui doit prendre en charge les sommes dues aux personnels licenciés de l’entreprise bénéficiaire » (Source JDD).

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