Eric Brunet : la preuve que non, la droite n’est pas muselée

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Eric Brunet est l’animateur de Le plus grand musée du monde sur France 3. Il a publié « Etre de droite un tabou Français » en 2006 et parcourt en ce moment les médias pour présenter son dernier livre « Dans la tête d’un réac »

Eric Brunet (France Television)

Eric Brunet explique à longueur d’interview que la Gauche a noyauté les médias, la culture, l’enseignement et tous les milieux intellectuels. Cette année, il a beau présenter un nouveaux livre, le discours reste le même. « Combien de journalistes de droite ont vu leur carrière brisée à cause de leur opinion politiques ? » interroge-t-il régulièrement, précisant que « [nous] ne pouvons imaginer le nombre de personnes qui lui ont écrit [NDLR suite à son premier livre], pour lui raconter comment dans l’Enseignement ou dans la fonction publique il faisait semblant d’être de gauche pour ne pas s’attirer les foudre de leurs collègues« .  Il fustige les « salles des profs » accusées d’être des noyaux de gauche et les syndicats sensés freiner la carrière des collègues identifiés comme étant de droite. Avec « seulement 6% de journalistes de droite en France » l’information serait filtrée en permanence et présentée sous un regard systématiquement « de gauche » voire d’extrême gauche…

Bref, un discours qui laisse quelque peu rêveur…

Rêveur devant l’efficacité des sois-disant comploteurs : les idées de gauche n’ont pas gagné de terrain dans l’opinion depuis bien longtemps. Ils ont beaux être très méchants, les gauchistes comploteurs des médias ne sont pas bien dangereux.

Rêveur aussi devant l’omission de détails importants : en France la plupart des patrons de presse sont de droite (c’est un doux euphémisme). Mieux encore, ils sont connus pour être proches du chef de l’État. Quant à la presse de service public elle est désormais sous le contrôle direct de ce même chef de l’État. Donc quand bien même les journalistes seraient à 94% de gauche, de quelle latitude disposerait-ils pour faire du prosélytisme à leurs idées ? (Regardez ce qui est arrivé aux chroniqueurs de France Inter par exemple…).

Rêveur parce que ne serait-ce qu’en économie, les idées ultra-libérales (apanage de la Droite) sont systématiquement présentées comme la vérité vraie et unique, et les économistes ne partageant pas cette vision condamnés au silence. Quelle presse généraliste aujourd’hui pour oser demander des comptes sur l’ouverture à la concurrence des services publics ? L’interdiction du protectionnisme ? La baisse des impôts payés par les tranches supérieures ? La délocalisation systématique ? La rigueur budgétaire ? Ou la hausse des revenus du capital (au détriment de ceux du travail) ? Tout ceci nous est présenté comme inéluctable, et le débat autour de ces questions clés n’existe même pas dans la presse…

Rêveur enfin, parce que dans plein d’autres secteurs dans le privé, c’est l’inverse de la situation décrite par Brunet qui se produit. Combien d’entreprise sans salariés syndiqués ou sans Comité d’Entreprise par peur de représailles sur la carrière ? Combien de repas de midi ou de pause café où les salariés acquiescent aux opinions du chef pour ne pas de retrouver sacqués ? Ce genre de situation existe malheureusement de partout… dans les deux sens. Il parait particulièrement biaisé de ne s’intéresser qu’aux cas dans la fonction publique…

A la rigueur, le discours d’Eric Brunet pourrait tenir debout s’il limitait son analyse à la presse Internet et aux blogs (ce que la Droite nomme communément la Gauchosphère). Car c’est vrai qu’en s’affranchissant des contraintes de la presse classiques (et de ses dirigeants), les journalistes et chroniqueurs étiquetés à gauche ont envahi le Web au point d’avoir une bonne génération d’avance sur la Droite dans ce domaine. Maintenant, quelle est l’audience de la presse Web parmi la presse globale ? Ne s’adresse-t-elle pas plutôt à un public averti, et en quelque sortent « déjà converti » ? Au contraire de la télévision ou de la radio (avec une forte présence des idées de droite) qui touche un public plus général, plus efficace pour faire du prosélytisme de Droite ?

Pour terminer, à voir le nombre d’invitations et d’interviews auxquels Eric Brunet a répondu lors de la publication de ses livres, cela me fait penser au sketch de Laurent Gerra dans lequel il imite Jean-Marie Le-Pen. Le sketch où il lui fait dire :

« Je tenais effectivement à remercier la télévision Française de m’avoir si souvent invité, afin que je puisse m’y plaindre d’ailleurs de ne pas y passer. Désormais, à cause de l’omerta dont je suis victime, découlant directement des procédés bolcheviques tramés par la nomenklatura médiatico-socialo-politique-partisane… » (vidéo ici)

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2 réponses à 14/11/2010 – Eric Brunet : la preuve que non, la droite n’est pas muselée

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