Ludo, prof stagiaire, « l’Education Nationale nous envoie au casse-pipe » (2/2)

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Pandora Vox est parti à la rencontre de Ludovic, 28 ans, enseignant-stagiaire en Histoire-Géographie dans une ZEP. L’occasion de découvrir le malaise dans l’Éducation Nationale depuis l’intérieur, et de comprendre un peu mieux le quotidien de profs à qui l’on demande toujours plus et que l’on abandonne pourtant en pleine galère. Interview en deux volets.

Il y a quelques semaines nous avons publié la première partie de l’interview de Ludovic. Voici la suite.

« Le niveau baisse d’année en année« 

Ludovic, 28 ans, prof stagiaire

Vos élèves sont-ils intéressés par l’Histoire-Géo ? Que pensez-vous de leur niveau ?

Ce fut une surprise mais leur niveau est faible.  Pour donner une idée, j’ai par exemple des élèves de quatrième qui pensent, que l’Économie (la science) c’est « faire des économies ». Et dans chaque classe j’ai de nombreux élèves qui sur une carte d’Europe, colorient la mer noire en écrivant Bulgarie ou Roumanie dessus…

Dans le programme des cinquièmes il y a le monde musulman au moyen-age. Étant donné l’origine socio-culturel de nombre de mes élèves et les débats incessants de l’actualité sur l’Islam, je pensais que ce programme serait plus simple pour eux. Plus intéressant aussi. Mais j’étais tristement surpris de constater que même les cours sur une culture omniprésente en ZEP sont tout aussi compliqués à aborder. Quelque soit le sujet, le niveau de culture des élèves est assez alarmant.

Leur niveau d’orthographe est aussi inquiétant, mais ce n’est pas notre principale préoccupation en histoire-géo.

Et par rapport à quand vous étiez vous même élève ?

Les études sur l’Europe ou l’OCDE le montrent, la France recule d’année en année pour la qualité de son enseignement. D’autres statistiques de la revue Sciences Humaines vont aussi dans ce sens. Le bilan n’est pas très brillant.

Mais les programmes, les façons d’enseigner ont-ils changés ? A quoi cela est-il dû selon vous ?

Le Ministère souhaite que l’on étudie le développement durable en Géographie dès la 5ème, mais aborder le commerce équitable et les écoquartiers à cet âge, en plus des enjeux sociaux de ces concepts… c’est pas facile ! Il est aussi très surprenant comme les nouveaux programmes délaissent le passé socialiste de la France et de l’Europe. Et puis il y a aussi désormais l’Afrique médiévale et l’empire du Malien en 5ème… ça a fait beaucoup de bruit quand c’est sorti. Tout cela est très politique, mais il faudrait mieux traiter moins de sujets mais prendre plus le temps de les approfondir.

L’Éducation Nationale veut aussi qu’un quart du temps consacré à l’histoire porte sur de l’histoire de l’art… On va toujours dans le sens d’avoir plus de choses à enseigner, avec moins de temps pour le faire.

La France a peur de Nic Omouk, par Manu Larcenet

Enfin, on nous donne des directives pour pousser à l’apprentissage de compétences et moins à la mémorisation de connaissances. C’est une intention louable. Et c’est une réforme probablement nécessaire de notre enseignement, mais la manière dont ces dîtes compétences sont évaluées sabote le projet. On évalue les compétences d’aujourd’hui comme les connaissances d’hier… Finalement, les profs découvrent une pédagogie très différente de celle à laquelle ils ont été formés, ce n’est pas simple.

Toutes ces raisons font qu’au final les élèves ressortent du collège avec un  niveau, bien en deçà de ce qu’il faudrait en histoire et géographie.

« Sur le fond, nous n’avons pas beaucoup d’autonomie [sur les programmes], sur la forme par contre, on peut toujours s’arranger« 

Tout à l’heure vous nous parliez du passé socialiste de l’Europe qui serait minimisé…

Oui, c’est un peu la tendance en ce moment… Par exemple la part de l’étude de l’URSS est réduite, et on l’évoque surtout pour parler des purges staliniens. Son rôle dans la seconde guerre mondiale est extrêmement minimisé, au contraire du débarquement de Normandie. Mais ce n’est pas propre à l’enseignement, les publications d’histoire vont largement dans ce sens ces dernières années.

L’un des rôles essentiel de l’Histoire dans l’enseignement, c’est le devoir de mémoire à inculquer aux futurs citoyens. Considérez-vous qu’aujourd’hui l’Éducation Nationale remplit correctement ce rôle ?

Oui, largement ! C’est l’un des principaux objectifs de notre programme d’histoire. La « Mémoire » y tient une place de plus en plus importante avec l’esclavage, la résistance et la déportation… On l’aborde souvent par des visites au musée ou des œuvres d’art visionnées en cours. Je n’enseigne qu’en collège, et je ne le fais pas depuis très longtemps, donc je manque encore un peu de recul sur l’efficacité, mais le devoir de mémoire est au cœur de notre enseignement.

De quelle autonomie disposez-vous sur le contenu des cours par rapport au programme officiel ?

Sur le fond, nous n’avons pas beaucoup d’autonomie, sur la forme par contre, on peut toujours s’arranger. Par exemple, le programme dit : « cette question passe par une étude de cas obligatoire parmi les 2-4 suivantes » ou bien « Ce thème sera obligatoirement traité par l’étude de telle civilisation ou œuvre d’art » etc

« Il y a aussi des « primo-arrivants » […] qui ne connaissent quasiment pas le Français »

L’origine culturelle très variée des élèves en ZEP est-elle une difficulté supplémentaire ?

Bien que je sache à quoi m’attendre, et que je sois toujours prêt à m’ouvrir à d’autres cultures, cela reste difficile. Par exemple, un de mes élèves était le spécialiste pour dire : « Ah, la Mecque, ça craint !!! ». Un jour je lui ai dis : « Tu vas me donner ton carnet et évite de mêler la Mecque à tout ça, pour une fois. ». Immédiatement après, il m’a dit : « Ah, la Mecque, ça craint !! ». Logiquement, la classe a éclaté de rire, mais ce qui est moins drôle, c’est qu’il m’a immédiatement traité de raciste en s’insurgeant de grands principes… On est toujours sur une corde raide.

D’un autre coté j’essaie de tirer parties de leurs origines pour les intéresser. Les enfants de parents Tunisiens sont ainsi passionnés par Carthage, et j’ai avec moi des Turcs qui adorent l’empire Ottoman. Ils sont par contre plus rudes lorsque l’on parle du génocide arménien… ce n’est pas évident. Il faut en permanence jongler.

Il y a aussi des « primo-arrivants », des élèves qui sont arrivés en France depuis moins d’un an et qui ne connaissent quasiment pas le Français. C’est sans doute les plus difficiles à gérer. Ils n’y sont pour rien, ils sont juste perdus. Lorsqu’il y en a 3 par classe à ne pas être en mesure de comprendre les cours, comment voulez-vous que l’on s’en sorte ? Il m’arrive de culpabiliser un peu en me disant : « Punaise, tu ne peux pas les laisser tomber ! ». Mais je ne sais pas comment je devrais m’y prendre. Sincèrement on ne peut pas gérer tous ces cas spécifiques en même temps. Cela dépasse notre compétence de prof.

Vous sentez-vous aidé par l’institution ? (Directeur, tuteur, conseillers d’éducation, ministère…)

Mon tuteur n’a pas véritablement choisi de l’être, il n’est donc pas très motivé et un peu désabusé. Il l’est d’ailleurs beaucoup par sa profession. A mon grand regret je n’ai pas trop pu compter sur lui pour me donner des « bons tuyaux » ou les trucs du métier… Depuis le début je me suis surtout fait descendre.

Le directeur me reproche régulièrement de faire trop de rapports d’incidents. Ce qu’il considère surtout comme une déficience de ma part. Ce n’est pas très encourageant.

Comment est l’ambiance dans la salle des profs ? Sentez-vous une solidarité, de l’entraide ?

Il y a toujours des plaisanteries et des prise de nouvelles, comme à la machine à café de n’importe quelle société. Mais les vrais problèmes sont souvent évités. Soit parce que certain professeurs ne veulent pas dévoiler aux autres leurs difficultés, ou tout simplement car ils ont envie d’évacuer en parlant d’autres choses plus plaisantes. Je pense que le « turn-over » important des profs dans les collèges en ZEP ne facilite pas la bonne ambiance. Par exemple le stage prévoit de pouvoir observer d’autres professeurs en cours pour se former ; et bien lorsque je leur ai demandé, certains de mes collègues se sont montrés très réticents. Une attitude pas très fair-play…

Mais j’ai aussi bien sympathisé avec un « vieux routard » de la profession qui a longtemps fait des remplacements en ZEP. Lui m’en a plus appris que tous les tuteurs et DVD du Ministère (rires). Blague à part c’était quand même appréciable d’avoir des conseils valables – et opérationnels de suite – de la part de quelqu’un qui prend le temps de vous écouter. On est devenu amis depuis.

« Les réformes à venir ne vont faire qu’empirer la situation« 

« L’école doit devenir un sanctuaire », que vous inspire cette réflexion de l’ancien ministre (NDLR: Xavier Darcos) ?

Je pense que cela rentre dans la logique de « phrases chocs » du gouvernement actuel. A la base l’intention est probablement louable, mais « sanctuariser » c’est un terme trop fort. Au ministère il leur faut toujours de belles formules pour communiquer, mais qu’est-ce que ça veut dire ? Quand il faut être concret il y a moins de monde ! (rire)
L’école doit surtout rester laïque et libre. Si c’est pour mettre des flics armés jusqu’aux dents dedans, c’est une fausse solution… Comme d’habitude avec la politique actuelle on ne prend pas les problèmes en amont… Là on est surtout dans le curatif. On soigne les symptômes pas les causes.

Quelles sont les réformes à venir de l’Éducation Nationale ?

Parmi les prochaines réformes il y a la suppression du statut de CPE (conseiller principal d’éducation) qui sera remplacé par des sortes de préfets. De multiples acteurs se partageront l’ancien travail du CPE: professeurs en heures supplémentaires, vacataires, éducateurs… etc. Cela ne me parait pas être une bonne idée car il est très utile d’avoir un  référent unique pour chaque échelon de l’administration d’un collège, et puis ces personnes qui assureront le rôle de CPE ne seront pas formées, alors que c’est un emploi à part entière.

Une autre réforme qui risque de venir c’est la suppression du poste d’inspecteur, les professeurs seront alors évalués pédagogiquement par les proviseurs.

J’ai aussi entendu dire que les livres d’éducation civique allaient disparaître, remplacés par des ressources disponibles sur internet. D’une façon générale des changements sont sûrement à attendre dans la gestion des livres scolaires. Le Gouvernement semble très à l’écoute de l’utilisation des nouvelles technologies lorsqu’elles permettent de faire de grandes économies.

Enfin, on parle aussi d’interdire les exclusions de cours, ce qui pour nous serait un comble !!! Déjà, qu’on n’est plus sensés donner de pages à copier… On ne pourra bientôt plus sanctionner un élève indiscipliné ! Si toutes ces réformes se font, elles ne vont malheureusement faire qu’empirer la situation.

Si l’on devait mettre en application immédiate 3 mesures pour améliorer votre situation et celle des élèves que suggèreriez vous ?

Premièrement il faudrait renforcer la formation des profs. Mieux les préparer, leur enseigner plus de pédagogie avec des exemples concret. Tout le monde serait gagnant. Les professeurs auraient un peu moins l’impression d’être envoyés au casse pipe, et les élèves y gagneraient en terme de qualité d’enseignement. Dans cette optique il me parait impératif de faire la formation aujourd’hui en Mars avant la rentrée de Septembre. En renforçant son contenu sur de l’opérationnel aussi ce serait mieux. Le vrai problème c’est l’immense « gap » entre nos années d’études (et de bachotage) et la réalité de terrain. Nous ne sommes pas prêts lorsque nous rentrons au collège.

Ensuite beaucoup de nos problèmes viennent du manque de mixité sociale des collèges. Certains établissements sont devenus des « ghettos » où plus personne ne veut aller, profs comme élèves. Après c’est un cercle vicieux, moins les profs restent longtemps, moins ils sont expérimentés, plus les « bons » élèves fuient ces collèges, et plus il y a de problèmes. Il faut de tout et de tout le monde pour faire un bon collège. Ces dernières années on a vraiment rompu avec un certain équilibre. Et la réforme de la carte scolaire est venue accentuer cette tendance. Donc renforçons la mixité sociale, la mixité de niveau, la mixité d’origine aussi et nous reviendrons à une certaine normalité.

Enfin, il est urgent de renforcer les moyen des collèges en terme d’autorité et de suivi psychologique et social des élèves. Arrêtons de fermer des postes de surveillants, de conseillers d’éducation etc… Ces partenaires des enseignants ont un rôle essentiel au sein du collège, et il est illusoire de croire que les profs pourront les remplacer. Notre rôle ne devrait pas être en premier lieu de faire de l’autorité mais bien d’enseigner. Et c’est pareil pour les psychologues scolaires ou les assistantes sociales. Ce sont aussi des partenaires et ils devraient être des acteurs majeurs de la vie du collège. Les profs ne sont pas formés pour ça. Et ce n’est pas avec un psy scolaire pour 20 établissements que l’on va y arriver !

On dit les syndicats puissants dans la fonction publique, ne peuvent-ils pas vous venir en aide ? Êtes-vous vous même syndiqué ?

Oui je suis syndiqué comme de nombreuses personnes de l’enseignement. Les syndicats sont très utiles pour avoir des infos. Ils sont souvent même les mieux renseignés sur les procédures de mutations, les titularisations etc… D’une certaine façon ils comblent un manque au niveau administratif. En ce sens ils nous sont d’un précieux secours, après, comme de partout, ils sont aussi en concurrence pour récolter des adhésions. (rires)

« La solution passe aussi par les parents d’élève« 

Il y a un acteur dont nous n’avons pas encore parlé, ce sont les parents d’élève…

Si les parents qui se soucient de leurs enfants veulent réagir, il faut vraiment qu’ils le fassent activement ! Il faut qu’ils laissent de coté les préjugés sur le laxisme présumés de professeurs. Il faut que l’on travaille ensemble sur les difficultés du collège. Et puis la vérité c’est que le Gouvernement se moque bien des petites grèves des syndicats d’enseignants en perte de vitesse… On ne fera pas bouger les lignes tous seuls. En revanche si les parents se plaignent ouvertement des évolutions néfastes du système éducatif, ils seront entendus. Les parents d’élèves pèsent lourd pour l’Éducation Nationale. L’histoire l’a montré, un ministre ne tient pas longtemps fasse aux profs ET aux parents d’élèves. Il ne faut donc pas tomber dans le piège de se monter les uns contre les autres. Et la solution passe aussi – et j’ai même envie de dire surtout – par les parents d’élèves.

A ce sujet, que répondez-vous à ceux qui accusent les profs de laxistes aux conditions très avantageuses (faibles horaires, vacances…) ?

Cela fait partie du cliché. On essaie de ne pas y attacher trop d’importance. J’aimerais les y voir fasse à des fauves de la ZEP toute la journée ! (rires)

Personnellement j’abats plus de 40 heures de boulot par semaine, entre les heures de cours, la gestion des sanctions et les rendez-vous et les heures de préparation de cours. Cela fait des horaires de cadre non ? Certes, c’est ma première année, je pense qu’avec plus d’expérience on s’en sort en moins de temps, mais les gens ne se rendent pas compte ! Et il y a un indicateur qui ne trompe pas, c’est qu’il y a de moins en moins de gens qui rêvent d’être prof. Si c’était autant « la planque » vous pensez bien qu’on se bousculerait…

Et puis il y a aussi la mobilité, au début il faut aussi accepter d’être bougé chaque année dans toute la France…

Ressentez-vous vraiment un manque de considération pour votre profession ?

Oui un peu. Le monsieur tout le monde a tendance à penser juste aux vacances et à oublier le reste. Mais ça a un peu changé. Les récents fait divers en ZEP ont aussi montré que ça pouvait être très dur. Généralement quand on dit qu’on est en ZEP les gens vous regarde déjà autrement. Sans dire non plus que l’on vous prend pour un héros, vous avez déjà droit à plus de respect.

L’enseignement c’est un des secteurs où il y a le plus d’homogamie. Du fait des nombreuses mutations, du long cursus d’étude, de la difficulté d’échanger sur nos difficultés etc… on se marie beaucoup entre enseignants. Je pense que cela ne contribue pas non plus aux mélanges et que ça nous marginalise sans doute un peu. Enfin je dis cela, mais ma compagne est aussi prof… (rires)

Votre vocation à devenir prof est-elle toujours intacte ? On vous sent un peu découragé…

Sincèrement ça se passe mieux ces dernières semaines. Mais les six premiers mois ont vraiment été très durs. Au sortir de la fac on se prend une très grosse claque. Et on ne peut compter que sur nous mêmes. Il faut surtout apprendre à ne pas prendre tout sur soi. Se détacher des difficultés quotidiennes, en se disant qu’on fait au mieux dans le contexte. C’est un peu dommage mais c’est la seule solution pour ne pas y laisser trop de plumes. Et ça on ne le comprend qu’avec un peu d’expérience.

Je suis donc toujours motivé à l’idée d’être prof. Je ne suis pas dégouté ! Mais comme tout le monde, je vais patiemment cumuler mes points d’affectation pour ne pas passer ma carrière en ZEP. Je ne me sens pas non plus l’âme d’un « warrior ». J’aspire à revenir à un rôle de prof plus « standard ». Plus d’histoire-géo, moins d’éducation (au sens premier du mot) ou de discipline.

Qu’envisagez-vous pour les années à venir ?

Déjà je ne sais pas si je serai titularisé l’an prochain. Il est probable que je passe une seconde année en stage. Tout ce que je sais c’est que dans tous les cas, je changerai de collège l’année prochaine.

J’ai appris récemment de mon tuteur qu’en raison de mes difficultés, il se prononcerait probablement contre ma titularisation. Ce qui n’est pas très motivant. Il va sérieusement falloir s’accrocher ! Peut-être que mes récents progrès joueront en ma faveur… Je n’en sais fichtre rien.

On se donne rendez-vous en Septembre ? Je pourrai déjà mieux répondre à votre question (rires).

Pourquoi pas ? Merci à vous et bon courage ! A bientôt.

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