Le Mediator est désormais interdit en France. Conçu pour les diabétiques en surpoids le médicament était régulièrement prescrit depuis 30 ans pour aider à maigrir. Il aurait causé la mort « de 500 à 1000 personnes au moins » alors que sa toxicité est connue depuis 1995… Les Etats-Unis l’ont par exemple interdit depuis 1997. Pourquoi avoir attendu autant de temps avant d’interdir en France ? Le site d’information Arrêt sur Image (NDLR: @si) consacre un dossier au sujet en rappelant notamment la collusion qu’il existe entre l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) et les laboratoires pharmaceutiques qui financent à 83% l’agence gouvernementale.
Arret sur Image raconte le combat du Dr Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, pour informer sur la dangerosité du Mediator ces dernières années. Il explique comment le livre du Dr Frachon (NDLR : « Mediator 150mg : combien de mort ?« ) a été censuré et comment le groupe Servier s’est arrangé pour « tuer le livre« .
La bataille le communication qui s’en est suivi concernant la validité des études citées dans l’ouvrage a permis de retarder l’interdiction du médicament (remboursé par l’Assurance Maladie jusqu’à la fin), alors même que celui-ci était interdit à l’étranger depuis plus de 10 ans.
@si interroge ensuite sur l’indépendance de l’AFSSAPS, agence sensé veiller à la sécurité sanitaire des médicaments autorisés à la vente, en donnant la parole à un médecin :
« Aujourd’hui, il est devenu quasiment impossible d’avoir une information indépendante car c’est l’industrie pharmaceutique qui finance l’argent des études.«
@si s’appuie sur une demande de commission d’enquête effectuée en 2003 par un groupe de sénateurs inquiets du désengagement de l’État dans cette structure censée pourtant être indépendante. Il explique :
« En 2003, les ressources de l’AFSSAPS provenaient pour 83% de l’industrie pharmaceutique et pour seulement 6,4% de l’Etat. Le constat est rude: n’étant plus soutenue financièrement par l’Etat (4,9 millions d’euros de subvention en 2003), l’AFSSAPS n’ose plus prendre de décisions contrariant un tant soit peu les intérêts immédiats des firmes. La préservation de la santé de l’industrie pharmaceutique semble ainsi passer avant celle des patients«
Propos peu rassurants qui sont confirmés par Irène Frachon qui ne cache pas que selon elle « il y a manifestement une proximité extrêmement forte entre l’AFSSAPS et les laboratoires Servier ».
Pour ne rien gâcher, selon le député socialiste Gérard Bapt, que @si a contacté, l’AFSSAPS « n’aura plus aucune subvention de l’Etat en 2011 ». En clair, dans un avenir proche, l’autorité censée être indépendante fonctionnera exclusivement sur fonds privés.
@si termine son article en rappelant la responsabilité d’une partie de la classe politique qui par sa « bienveillance« , « ferme les yeux sur ces relations incestueuses, voire l’encourage en retirant les fonds publics de l’AFSSAPS« .
Cet article édifiant est à lire au complet sur le site d’Arrêt sur Image : Mediator, autopsie d’un silence mortel.
24 réponses à 19/11/2010 – Affaire Mediator: @si explique la collusion entre l’AFSSAPS et les labos