« L’Europe… ? Quel numéro de téléphone ?«
Henry Kissinger, politologue et diplomate Américain, (1923-), déclaration de 1970
« L’Europe… ? Quel numéro de téléphone ?«
Henry Kissinger, politologue et diplomate Américain, (1923-), déclaration de 1970
Depuis un mois, en France, on nous dit que Alassane Ouattara a remporté les élections en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo n’est présenté que comme un mauvais perdant qui s’accroche au pouvoir dans la tradition des dictateurs Africains. Ouattara le gentil, Gbagbo le méchant. Comme si c’était aussi simple… arrêtons-nous cinq minutes et posons la question : et si Gbagbo avait vraiment gagné les élections ?
Dans cette affaire les apparences sont vraiment contre Laurent Gbagbo. Au moment où la commission électorale indépendante (CEI) devait proclamer le résultat définitif des élections, ses partisans ont empêché physiquement le porte-parole d’annoncer les résultats. Ceux-ci n’ont alors été communiqués que quelques jours plus tard, soit en dehors des délais légaux. Ce délais non respecté est le prétexte derrière lequel le clan Gbagbo se réfugie pour dénoncer ces élections. Ils accusent aussi la CEI d’être un pantin des pressions internationales et la France et les Etats-Unis de s’immiscer dans la vie politique d’un état souverain (lire son entretien accordé au Monde).
Les médias Français, dans la droite ligne du quai d’Orsay, ont donc repris tous en cœur la version des faits présentant Gbagbo comme l’usurpateur. Il ne restait guère en France que les partisans de Gbagbo d’origine ivoirienne pour soutenir sa cause publiquement. Ces Ivoiriens qui continuent de soutenir le président sortant sont-ils réellement tous des extrémistes sans « culture de la démocratie » comme on veut bien le dire non sans condescendance ? Ou bien ont-ils de bonnes raisons de penser qu’on leur a volé leur élection ?
Quelques anciens amis de Gbagbo, du coté du PS, se sont un peu manifestés, mais de façon plutôt ambigüe. On a par exemple l’appel de Jack Lang sur France Inter « Mon cher Laurent… » ou le message d’Henri Emmanuelli dénonçant « des médias donneurs de leçons » et « une campagne de dénigrement contre les autorités Ivoiriennes« (JDD). Mais en dehors de ces quelques discrètes exceptions, personne ne s’est trop posé de questions sur une vision des choses qui reste somme toute très manichéenne.
Et puis vendredi dernier (le 31 décembre), un groupe de personnalité emmenées par l’avocat Jacques Vergès et l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas prennent publiquement le parti de l’ancien président Ivoirien. Vergès annonce se rendre en Côte d’Ivoire auprès du conseil constitutionnel pour prendre connaissance des documents qui prouve l’élection de Gbagbo (Rue89). Il accuse aussi la France d’avoir « préparé une agression contre la Côte d’Ivoire« .
Alors c’est Vergès, et l’on connait toute l’ambiguïté de ce personnage qui a l’habitude d' »envoyer du lourd » quand il s’agit de dénoncer la politique né-coloniale de la France en Afrique ; mais avouons qu’il n’y aurait rien de nouveau à ce que la France ou les Etats-Unis s’impliquent dans un pays tiers pour asseoir le pouvoir d’une personnalité qui leur est favorable. Rappelons bien que le rôle du quai d’Orsay est bien de servir les intérêts de la France, pas ceux de la Côte d’Ivoire idem pour le Secretary of State d’Hillary Clinton… Soutenir la démocratie, certes, mais ne soyons pas naïfs non plus ! Rappelons la phrase attribuée à Henry Kissinger à propos du dictateur Indonésien Suharto auteur d’un génocide au Timor oriental dans les années 70 : « c’est peut être un fils de pute, mais c’est notre fils de pute« . La politique étrangère c’est du machiavélisme pur, et au sens propre du mot. Alors à qui faire confiance ? A l’ONU ? C’est à peine mieux… C’est normalement un rôle dévolus aux ONG par définition indépendantes des gouvernements. A-t-on entendu une ONG se prononcer sur la crise Ivoirienne ? Pas à notre connaissance en tous cas.
Intéressons nous un petit peu au profil d’Alassane Ouattara, qui reste moins connu en France que son rival. Sur Wikipedia voici ce qu’on trouve dans le chapitre ‘Famille’ :
« En 1990, Alassane Ouattara et Dominique Novion se marient. Le mariage est célébré à Neuilly-sur-Seine par le maire Nicolas Sarkozy. Mme Novion est une femme d’affaires qui gère les propriétés immobilières du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny et de son collègue gabonais Omar Bongo. Le couple a deux enfants. En 2000, Dominique Ouattara fait partie des 40 femmes d’affaires les plus importantes au monde. » (Source Wikipedia, cet article de l’encyclopédie ayant été écrit sur la base d’un article du journal Belge Le Soir dédié aux épouses de Gbagbo et Ouattara).
Lorsque l’on sait aussi que Wikileaks a révélé dernièrement qu’Omar Bongo a financé les campagnes électorales de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy (Rue89), on se dit qu’il y a forcément anguille sous roche. La gestionnaire de son patrimoine immobilier pouvait-elle l’ignorer ? Dans tous les cas, il n’est donc peut être pas si étonnant que le gouvernement Sarkozy soutienne Ouattara. Pouvait-il seulement en être autrement ?
L’épouse de Ouattara semble jouer un rôle important dans l’histoire, d’une part en gérant la fortune immobilière de Bongo, pilier de la Françafrique, et d’autre part en s’occupant aussi les biens d’Houphouët-Boigny (ancien président de Côte d’Ivoire dont Gbagbo a été l’opposant historique), qui a lancé la carrière politique de son mari en le nommant premier ministre… Dans le biotope des relations Franco-Africaine, le monde est tout de même très petit ! Dans celui du financement occulte des partis politiques aussi…
C’est sûr qu’au moment où il fallut choisir entre Ouattara et un Gbagbo gênant car de plus en plus anti-Français, le gouvernement Sarkozy n’a pas eu à hésiter longtemps. Quant aux Américains, systématiquement exclus des marchés de Côte d’Ivoire par le gouvernement Gbagbo ils ont eu le même raisonnement.
Ces considérations géopolitiques, ne font bien sûr pas de Gbagbo le gagnant des élections, mais cet article avait juste pour but de mettre en lumière une certaine « désinformation » qui règne en France sur le sujet ou pour le moins une information à sens unique. Ce qui est sûr, comme dirait Anne Roumanoff, c’est qu' »on ne nous dit pas tout« , après, Pandora Vox se gardera bien de se prononcer sur le vainqueur réel de ces élections. Il serait juste de temps pour les grandes puissances d’arrêter de prendre l’Afrique comme un terrain de jeu international. Car ce sont des Africains qui en souffrent au quotidien, et qu’à jouer avec le feu, la perceptive d’une solution pacifique en Côte d’Ivoire s’éloigne malheureusement maintenant de jour en jour.
Pandora Vox souhaite à tous ses lecteurs une excellente année 2011. Qu’elle soit riche en échange et qu’elle nous apporte à tous beaucoup de bonheur !
2010 aura été pour le blog celle de tous les débuts, avec l’ouverture du site au mois d’Octobre, mais aussi les premiers commentaires, les premières réactions, les premiers référencements… Avec près de 600 visites et plus de 1000 pages lues, les trois premiers mois de vie du site dépassent largement nos espérances. Merci à tous pour votre soutien et vos commentaires.
Rendez-vous toujours plus nombreux sur Pandora Vox en cette nouvelle année qui s’annonce encore très riche en actu !
Actualité, politique, économie, critiques, coups de cœur, coups de gueule… libérons ensemble les mots de la boite de Pandore !
En Juillet 2010 Pandora Vox s’est rendu au Kenya. Au cours de notre périple nous avons fait étape à Naivasha, région dont l’activité économique principale est la culture de fleurs pour l’exportation. L’eau du lac Naivasha, le climat clément des hauts plateaux d’Afrique de l’Est et la qualité des sols d’origine volcanique font de la « vallée des roses » un endroit parfait pour l’agriculture florale. Retour en deux volets sur une activité économique au cœur de la mondialisation.
La ville de Naivasha et son lac se trouve dans la vallée du Rift. Un couloir entre deux plaques tectoniques qui descend de depuis la Syrie jusqu’au Mozambique. Parsemé de volcans de volcans éteints, ce phénomène géologique prend à l’Est de l’Afrique (Éthiopie, Kenya, Tanzanie) des allures de hauts plateaux, fertiles et étonnamment tempérés pour une latitude si proche de l’équateur.
Si bien que cette région du Kenya est rapidement devenue, au moment de la colonisation Anglaise, le paradis des agriculteurs. Grâce à la présence d’eau et de roches volcaniques, couplée à une température idéale quasiment toute l’année (l’équateur traverse le Kenya), il n’y a pas besoin de respecter les saisons pour la culture de nombreux produits. On peut ainsi replanter juste après la récolte et en cumuler plusieurs par an.
C’est John, chauffeur de taxi, la cinquantaine, qui nous conduit à Naivasha depuis Nairobi. Ayant eu vent de l’activité florale de la région, nous l’interrogeons sur ce qui fait la réputation internationale de sa ville. « Les fleurs font vivre à peu près tout le monde ici. Directement ou indirectement. » explique-t-il d’emblée. « Ma sœur et mon beau frère sont ouvriers agricoles dans les serres. Et moi, en dehors des touristes qui viennent visiter Hell’s Gate, Longonot ou Nakuru (NDLR : parcs nationaux de la région), je transporte surtout des gens en lien avec les compagnies florales« .
Une activité économique accueillie comme un bol d’oxygène dans un pays qui compte 40% de chômage… En 2007, la culture florale représentait 45% des ses exportations horticoles en général, soit un apport de plus de 455 millions de dollars US sur l’année. Au total, au Kenya, 50 000 personnes vivent de la floriculture, et les activités secondaires qui en découlent fournissent du travail à plus d’un million de kényans.
John insiste en expliquant que pour les milliers de kényans accourus des régions les plus pauvres du pays, la province de Naivasha est synonyme de “vallée du bonheur”, car c’est une opportunité unique d’échapper à la misère. Nous comprenons aussi à ce moment que dans le débat interne qui oppose les habitants de la région, John fait partie des ardents défenseurs de l’industrie florale.
Il poursuit en expliquant que l’activité florale n’a commencé au Kenya qu’en 1972 (soit bien après l’indépendance, obtenue en 65), et qu’en quelque années ils sont devenus le premier producteur mondial de fleurs avec près de 150 fermes recensées au Kenya. La ville de Naivasha a beaucoup grandit ces dernières années que l’activité florale se mondialise. En cherchant nous apprenons qu’en 10 ans sa population est passée de 50 000 habitants à 250 000 habitants !
John nous détaille ensuite le commerce des fleurs. Les entreprises sont essentiellement étrangères : Indiennes, Néerlandaises ou Israéliennes et se sont implantées pour la plupart dans la région ces quinze dernières années.
Les fleurs sont cultivées dans les serres puis cueillies à Naivasha. Elles sont ensuite transportées en camion sur Nairobi, où un avion les transportera pour l’Europe. En 24H les roses passent des serres kényanes aux marchés de grossistes européens. Il faudra ensuite une autre journée pour qu’elles rejoignent les étales de nos fleuristes.
Rares sont les consommateurs français à imaginer que quelques roses achetées au marché ont été cueillies 48 heures plus tôt dans les hauts plateaux de l’Afrique de l’est… C’est la magie de la mondialisation ! Le plus impressionnant est que ces fleurs restent abordables comparés aux fleurs produites en Europe.
Alors que nous sommes sur le point d’arriver à destination, John termine sont plaidoyer en faveur de l’industrie florale en évoquant l’implication sociale des plus grosses compagnies.
En effet la région ayant subit une croissance hors norme (pour rappel la population de Naivasha a quintuplée en 10 ans), les sociétés ont pris le relais d’un État surchargé et défaillant (et souvent corrompu). Ainsi les compagnies les plus importantes – qui fournissaient déjà traditionnellement un logement à leurs employés – ont construit des hôpitaux, des écoles, des maternités etc… pour les ouvriers agricoles. Ce qui fait de la région de Naivasha la mieux desservie en service public du Kenya (avec celle de la capitale Nairobi).
Nous prenons alors congé de notre compagnon du jour – qui fut de fort agréable compagnie – et nous le remercions chaleureusement pour ses renseignements. Nous décidons de chercher dès le lendemain un interlocuteur de l’autre camp : ceux qui pensent que l’industrie florale est une catastrophe pour Naivasha.
La seconde partie de cet article, intitulée : les fleurs du Mal sera publiée la semaine prochaine.
Sources :
« Que l’Éternité doit sembler longue… surtout vers la fin »
Woody Allen, réalisateur, scénariste et acteur Américain, (1935-)
Une étude de l’association Odissée menée en France et en Europe, et publiée par La Croix, révèle le lien immuable qu’il existe entre performance sociale et économique : les pays les plus performants économiquement sont ceux qui ont les meilleurs résultats sur le plan de la cohésion sociale. Un constat qui peut paraître logique mais qu’il est important de rappeler en ces temps où l’on appel à encore plus de rigueur sociale.
L’association Odissée réalise cette étude pour ses 20 ans. Pour établir ce classement, Odissée a croisé les résultats de 15 indicateurs statistiques mesurant le lien social et de 15 autres mesurant la performance (voir le détail ci-après). Il en ressort très clairement que les pays du Nord de l’Europe et les Pays-Bas sont en tête selon les deux types de critères, économiques et sociaux.
En position médiane, la France s’enferme dans un immobilisme inquiétant. Céline Rouden, journaliste à La Croix, fait ainsi remarquer que malgré un haut niveau de protection sociale, les performances de la France en termes de lien social ne sont pas bonnes. La faute selon Jean-François Chantaraud (de l’association Odissée) à une démission du citoyen provoquée par le fait que l’État impulse tout, sans véritable conditions pour le débat.
En France, si l’on exclut ce cas particulier de l’Ile de France – qui fait figure d’exception qui confirme la règle – les régions qui réussissent le mieux sont aussi celles où l’on vit le mieux. Elles se situent sur un axe centre-ouest – avec les Pays de la Loire, la Bretagne, Midi-Pyrénées, Limousin – et à l’est du pays (Alsace, Rhône-Alpes).
Dans tous les cas, que ce soit sur le plan national ou Européen, cette étude démontre que les territoires en tête du classement sont ceux où « chacun s’implique plus qu’ailleurs dans la construction du collectif ». Selon Odissée, la recette résiderait donc dans le mode de gouvernance: les territoires qui réussissent le mieux « sont ceux où l’information circule facilement, où le débat public est le plus dynamique et où chacun s’implique plus qu’ailleurs dans la construction du collectif », détaille le rapport.
Dans la seconde partie de son dossier, la Croix se lance dans une analyse plus fine avec une mise en perspective historique. Selon le journal, il existe depuis le XIX ième siècle un clivage économique entre le capital et travail. « Or, les statistiques invalident cette dispute : le lien social (le vivre-ensemble) et la performance (les succès collectifs) vont de paire. » En comparant les 26 régions françaises et des 27 pays de l’Union européenne, l’étude de l’association Odissée révèle qu’il n’existe pas de territoire dans lequel les deux dimensions – sociale et économique – sont « durablement dissociées l’une de l’autre« .
Le secteur secondaire ne représentant plus que 25% de l’économie, La Croix nous invite à prendre acte que l’ère industrielle est terminée, et avec elle les clivages dogmatiques qu’elle a engendrés. « À l’ère post-industrielle, l’économie se dématérialise. Le moteur de la création de richesses n’est plus la machine mais l’humain » renchérit le journal, avant de conclure en forme de leçon :
« Cessons de nous demander s’il faut d’abord être solidaires ou performants, mais plutôt comment réussir les deux simultanément !«
Une étude complète à retrouver dans La Croix du 16 Décembre 2010.
Le document date un peu (décembre 2008), mais il résume avec humour les grandes étapes de la crise des ‘subprimes’. La chronologie, bien qu’exagérément synthétique, détaille les mécanismes de la crise avec pertinence.
Rue89 qui a traduit cette présentation (qui nous vient à l’origine des Etats-Unis) a aussi réalisé une vidéo intitulée aussi « le B.A-BA de la crise des subprimes » qui est disponible ici.
PS : Merci à l’Islandais pour ce document.
Voici la minute poésie de la semaine : un petit flashback sur cette excellente chronique de Vincent Roca récitée sur l’antenne de France Inter au mois de Mars. L’humoriste écrivain joue merveilleusement des mots et des allitérations pour mettre en lumière la fracture générationnelle que constitue l’entrée dans l’ère numérique. La vertigineuse société de l’Internet a vraiment de quoi dérouter pour peu que l’on prenne un peu de recul. A déguster.
« Je plains les gens petits, ils sont les derniers à savoir quand il pleut«
Peter Ustinov, écrivain, comédien et metteur en scène Britannique, (1921-2004)
Alors que la « culture de l’excuse » est constamment montrée du doigt lorsque l’on évoque les problèmes des banlieues (comme pas plus tard que vendredi dernier dans l’émission C dans l’air consacrée à Marseille), Le Monde s’est procuré les résultats du rapport 2009 de l’Observatoire des zones urbaines sensibles (Onzus). Les chiffres sont plus qu’accablants.
Dans les 751 zones urbaines sensibles étudiées, le rapport 2009 de l’Onzus révèle que 43 % des jeunes hommes actifs et 37 % des jeunes femmes se trouvaient au chômage.
Sur quasiment chaque critère étudié la dégradation et la marginalisation des banlieues est plus frappante. Parmi les chiffres les plus marquants on notera que les ZUS (Zones Urbaines Sensibles) comptent :
Qu’il s’agisse de chômage, de réussite éducative, de santé ou de sécurité, les ZUS connaissent donc une situation extrêmement dégradée.
Le rapport analyse aussi qu’il ne faut pas se réjouir trop vite des chiffres annoncés. En effet « la diminution globale des faits de délinquance signalés à la police (- 11% depuis 2005) est en réalité intervenue grâce à la baisse des actes les plus courants et les moins graves (atteintes aux biens en baisse de 15%) alors que les actes les plus traumatisants (atteintes aux personnes) ont progressé (+7%)« . (Source Le Monde)
A entendre certains, en publiant ce genre de chiffres et les analyses qu’ils suggèrent, les sociologues et les politiques seraient en pleine « culture de l’excuse« , qui ne ferait qu’aggraver le problème en déresponsabilisant les jeunes de banlieue (qui devraient plutôt « se prendre en main« ) et en détournant l’attention des vraies solutions aux problèmes (globalement : plus de fermeté, moins d’assistanat).
Si l’on est face à un classique clivage droite/gauche sur les solutions à apporter aux problèmes de sécurité, ces commentaires commettent tout de même une grossière erreur en confondant la recherche des causes avec la recherche d’excuses. Le but ici n’est pas d' »excuser » – encore moins de pardonner – mais bien de chercher la raison, de comprendre. Remarquez cet amalgame entre raison et excuse est plutôt commun, puisque Nicolas Sarkozy lui-même l’utilise régulièrement. On se rappelle de sa sortie sur TF1 en novembre 2007, à propos de cette situation dans les banlieues : « quand on essaye d’expliquer l’inexplicable, on commence à excuser l’inexcusable« . Certes, la formule est jolie mais… Non M. Sarkozy ! Chercher à comprendre n’est pas chercher une excuse ! Cela permet juste de mieux appréhender un problème avec un peu plus de recul.
La démarche de l’explication relève tout simplement du pragmatisme. Il faut se poser les vraies questions : qu’est-ce qui est criminogène dans les banlieues ? Comment en est-on arrivé là ? Tant qu’il y aura 43% de chômage chez les jeunes des ZUS, peut-on raisonnablement espérer lutter efficacement contre le trafic de drogue ? etc… Et cela n’a rien à voir avec le fait d’excuser les criminels. Encore une fois, il ne s’agit que d’une démarche pragmatique…
En refusant la recherche d’explication d’un problème on ne s’attaque généralement qu’aux symptômes, rarement aux causes réelles. Soigner les symptômes apaise et donne l’illusion de résoudre le problème à court terme, en revanche oublier de s’intéresser aux causes de la maladie fait qu’elle revient inexorablement. C’est en cela qu’un peu de sociologie fait du bien : en donnant des clés pour comprendre les raisons et ensuite pour proposer des solutions plus durables. Pas pour blanchir les actes condamnables.