« La civilisation est la création indéfinie des besoins dont on n’a pas besoin »
Mark Twain, écrivain Américain, (1835-1910)
« La civilisation est la création indéfinie des besoins dont on n’a pas besoin »
Mark Twain, écrivain Américain, (1835-1910)
Les difficultés dues à l’épisode neigeux en Ile de France ont été une nouvelle occasion pour le Gouvernement d’expérimenter sa technique du « déni d’évidence » pour communiquer sur un évènement mettant en lumière un manquement. On est une nouvelle fois à fond dans l’intox et pas loin de la désinformation pure et simple. Mais qui est dupe de ces manipulations grossières ?
« Il n’y a pas de pagaille »
«Généralement, vous savez ce qu’il y a avec ‘pagaille’, c’est ‘pagaille indescriptible’. Vous voyez, précisément, là on décrit la réalité de la situation et ça démontre qu’il n’y a pas de pagaille» (Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, 8 Décembre 2010, 16H00, à propos de la neige)
> Alors qu’à ce moment en Ile de France il y a plus de 600 camions en rade, des centaines de kilomètres de bouchon, et des milliers d’automobilistes qui passeront la nuit dans leur voiture en centre d’accueil de fortune.
Une technique de communication de crise qui n’est pas sans rappeler l’intervention de Jean-Louis Borloo au sujet des pénuries d’essence au mois d’Octobre :
« Il n’y aura pas de pénurie d’essence »
(Jean-Louis Borloo, ex ministre de l’Écologie, 17 Octobre 2010)
> Au final, c’est plus 5000 stations services qui seront à sec, la quasi totalité des raffineries et dépôts bloqués , une situation d’approvisionnement extrêmement tendue et un weekend de la Toussaint gâché par le manque de carburant.
Dans la même veine, Pandora Vox propose quelques idées de futures opérations d’intox sous forme de « déni d’évidence » à usage du Gouvernement. A moins que ce ne soit déjà fait, le lecteur jugera (sic) :
Le responsable de Wikileaks, recherché par la police Suédoise pour une affaire de mœurs, s’est rendu hier à la police Britannique. En attendant les délibérés de la justice, c’est l’occasion de revenir sur un acharnement politico-médiatique pour discréditer un personnage devenu beaucoup trop gênant.
Wikileaks – que l’on pourrait traduire par « fuites partagées » – est ce site Web qui a publié cette année pas loin de 100 000 documents confidentiels de l’armée Américaine sur la guerre en Afghanistan et en Irak. Dernièrement le site, en partenariat avec de grands journaux internationaux (Washington Post, Le Monde, El Pais…) a renouvellé son opération transparence avec des archives des ambassades Américaines.
Julian Assange est l’un des responsables de cette organisation. Australien d’origine, expert en informatique et en « hacking » (technique consistant à infiltrer les systèmes informatiques confidentiels), il est le responsable du site Web et aussi porte-parole de l’organisation. Sa participation active dans les récentes révélations de Wikileaks lui ont valu de nombreux prix internationaux dont l’Amnesty International Media Award 2009, remis pour la diffusion d’informations sur des assassinats en Irak, ou l’Index on Censorship Award 2008, remis par The Economist. Régulièrement invité par les médias, Assange défend une « théorie de la transparence » dont devraient faire preuve selon lui nos gouvernements.
Depuis le mois d’Août, Julian Assange est recherché en Suède pour une affaire de mœurs. Ces accusations paraissent néanmoins suspectes aux yeux des partisans de Wikileaks. Notamment du fait qu’elles interviennent dans les jours suivants l’annonce d’une publication de nouveaux documents compromettants pour l’armée Américaine. Rappel de la chronologie des faits :
En août donc, Julian Assange est à Stockholm pour participer à un séminaire organisé par le Parti social-démocrate suédois. A cet occasion il a une relation sexuelle avec au moins deux femmes, qui portent ensuite plainte contre lui.
Le fait qu’Assange soit devenu l’homme à abattre au moment de ses accusations du mois d’Août fait craindre un piège à de nombreux observateurs. En effet, il n’existe pas d’accords d’extradition entre le Royaume Uni et les Etats-Unis, en revanche il en existe entre la Suède et les USA. Par un jeu de domino Assange pourrait ainsi être extradé vers la Suède pour cette affaire de mœurs, et ensuite vers les Etats-Unis pour une affaire d’espionnage sur laquelle sont en train de travailler les juristes de l’administration Américaine. La CIA n’en serait pas à sa première entourloupe du genre. Une théorie du complot plutôt confirmée par la lecture des chefs d’accusation.
A partir du mois d’Août, la nouvelle de l’avis de recherche du responsable de Wikileaks, se répand très vite dans les médias du monde entier qui relayent son « accusation de viol » par la justice Suédoise. Des médias sans doutes bien contents de « reprendre la main » face à cet arrogant causeur de troubles dans le monde de l’information qui n’en fini plus de brouiller les cartes (voir à ce sujet l’article de Rue89).
On parle alors en boucle de « viol » ou d »agression sexuelle »… Alors qu’il s’agit en réalité d’une affaire de mœurs dans la plupart des codes pénaux internationaux. Comme l’explique Henry Labayle, professeur de droit interrogé par Le Monde « D’après l’acte d’accusation lu au tribunal, M. Assange se voit reprocher deux viols [mais] au sens de la loi suédoise« . Le code pénal Suédois qualifiant de « viol » le « sexe par surprise », le réel chef d’accusation retenu contre Assange.
Cette accusation de « sexe par surprise » (détaillée ici par Blandine Grosjean de Rue89) est retenue parce qu’Assange n’aurait pas accédé au souhait de ses partenaires d’utiliser un préservatif lors du rapport sexuel. Son avocat, Me Mark Stephens, précise que c’est une « qualification suédoise punie par une amende de 5 000 couronnes, soit environ 540 euros« .
On ne va pas présager de la décision de justice Suédoise, mais contrairement à ce que répètent les médias à qui mieux mieux, – rien que par la peine encourue – il ne s’agit pas d’une accusation de « viol », au sens Français, Britannique ou Américain du terme.
Seulement dans l’imaginaire populaire, le violeur est un salaud. Il mérite la pire des répressions. C’est donc une façon de discréditer l’action de Wikileaks. Il serait plus honnête pour les médias d’évoquer l’accusation d’Assange en utilisant le référentiel national, car pour un Français ou un Américain, un viol, ce n’est pas refuser de mettre un préservatif lors d’un rapport avec une femme consentante. Et on ne s’en tire pas (et heureusement !) avec 600 euros d’amende.
Laissons donc faire la justice. Et prenons surtout garde à ce que cette affaire n’empêche pas Wikileaks de révéler ses informations. Les problèmes – privés – d’un des responsables avec la justice relèvent d’un autre débat. On pourra néanmoins toujours s’interroger sur le zèle de police Suédoise qui délivre un mandat d’arrêt international pour une affaire de ce type.
Le rôle majeur de Julian Assange dans la révolution de l’information qu’a constitué cette année Wikileaks, l’a sans doute rendu un peu mégalomane, mais il résume lui même assez bien la situation :
« On ne peut pas mettre sur le même plan l’énormité des informations que je révèle, concernant la mort de 109 000 civils en Irak, avec les accusations triviales portées contre moi ». (Julian Assange lors d’un interview donné à CNN)
Site Web de Wikileaks :
« Il y a le peureux qui regarde sous son lit, et il y a le peureux qui n’ose même pas regarder sous son lit. »
Jules Renard, écrivain Français, (1813-1877)
Interrogé par Presse Océan sur le sens des manifestations contre les retraites au mois d’Octobre, l’ancien footballeur Éric Cantona, se propose de « donner des idées aux syndicats« , en allant tous retirer notre argent des banques un même jour. Son idée a été repris par des militants Belges qui ont fixé la date de l’opération au 7 Décembre 2010.
Comme l’explique Cantona, en allant tous retirer notre argent des banques le même jour, cela provoquera une panique bancaire (ou « bank run » en Anglais). Le genre d’évènement qui s’est déjà produit en 1929, sauf que cette fois cela sera fait volontairement. Si l’on parvient à mettre les banques en difficulté « alors là [ils vont] nous écouter autrement » espère celui que les supporters avaient surnommé le « King ».
Juan Torres Lopez, économiste membre du conseil scientifique d’ATTAC Espagne, interrogé par Mediapart au sujet de l’initiative de Cantona, rappelle que les banques ne sont légalement obligées de conserver en trésorerie que 2% des sommes qui leurs sont confiées (sommes appelées « réserve fractionnée »). Le reste étant utilisé pour donner des crédits. C’est le principe même d’une banque : prêter l’argent qu’on lui confie à un taux d’intérêt supérieur pour dégager du bénéfice. Si l’on réclame, dans un laps de temps suffisamment court, plus de 2% des sommes déposées dans les banques, celles-ci vont donc se retrouver en grande difficulté pour honorer leur obligation de remboursement. C’est le but de l’opération BankRun 2010, comme le décrit le site officiel : http://www.bankrun2010.com
L’idée de Canto fait le buzz
Petit à petit les images de l’interview de Cantona se sont échangées sur le Web, au point que de nombreux médias se fassent échos de son initiatives. Aujourd’hui à quelques jours de la date fatidique, de nombreuses personnalités ont réagi à son idée.
Un groupe Facebook est ainsi créé pour fédérer les gens qui répondant à l’appel (il compte aujourd’hui plus de 30 000 inscrits).
Baudouin Prot, patron de la BNP a réagit au nom des banques rappelant que « les banques françaises n’ont aucunement contribué aux origines de la crise et que les aides publiques n’ont rien coûté aux contribuables » et décernant un véritable « carton jaune » à Cantona (source La Tribune).
La ministre de l’Économie Christine Lagarde a quant à elle appelé Cantona à limiter son champs d’intervention au football (source JDD). Si elle explique qu’il n’y a aucun risque, elle a tout de même éprouvé le besoin de s’exprimer sur le sujet… On peut donc légitimement douter de sa sérénité.
Cécile Duflot, d’Europe Écologie a déclaré mercredi sur Public Sénat qu’Éric Cantona, mettait « les pieds dans le plat sur un sujet qui est un sujet réel« .
De son coté le site d’information Rue89 note la difficulté de réalisation du projet : « il ne suffit pas de se présenter au guichet de sa banque pour récupérer sur le champ toutes ses économies. Chaque établissement fixe en effet un plafond aux retraits d’espèces. Il faut souvent prévenir avant. » Le BankRun 2010 nécessitera donc un peu d’anticipation.
Sur Mediapart, Juan Torres Lopez regrette que l’initiative de Cantona ne s’accompagne pas de propositions. Par quoi remplacer ces banques qui alimentent autant la crise du système ? Il propose de revenir à des organismes bancaires de type mutualiste sur le mode coopératif :
« Je pense évidemment qu’il doit y avoir des banques de dimensions importantes et internationales parce qu’aujourd’hui il est nécessaire de financer des projets de développement de grande envergure. Mais elles ne peuvent être ni privées (parce qu’elles chercheraient logiquement uniquement leur propre profit) ni contrôlées de manière aussi antidémocratique que l’est par exemple aujourd’hui la Banque Mondiale. » (source complète sur le site de Mediapart)
Il est claire que l’activité dérèglementée et irresponsable des établissements bancaires (avec pour seul objectif la recherche du gain immédiat) est aujourd’hui toxique à l’économie. Si l’on met en perspectives les grandes étapes de la crise que traverse aujourd’hui l’économie mondiale, on constate que les milieux bancaires et financiers sont intervenus à chaque étape :
Il est donc temps, comme l’explique l’économiste d’ATTAC, de règlementer le système et de proposer de nouveaux établissement de crédit qui suivent l’intérêt général, au lieu de générer des crises redondantes.
Quoiqu’il en soit, l’envergure du buzz sur l’idée de Cantona montre à quel point le système bancaire est responsable de la crise aux yeux des citoyens. Éric Cantona a au moins le mérite d’avoir mis le doigt sur l’une des préoccupation majeure des Français , qui ne sont pas dupes des manipulations récentes des milieux financiers et bancaires.
« Je vous le demande en votre âme et conscience : sans la peine de mort, est-ce la peine de vivre ? »
Pierre Desproges, humoriste Français (1939-1986)
Demain, (NDLR : 2 Décembre) seront désignés par la FIFA les pays organisateurs des prochaines Coupe du Monde de football de 2018 et de 2022. En raison des colossaux moyens financiers déployés par la candidature du Qatar pour 2022, celle-ci fait polémique.
La candidature qatari prévoit la construction trois stades de plus de 45.000 places et entièrement climatisés pour vaincre la chaleur torride du désert du Golfe. Comme l’explique le cheikh Mohammad, président du Comité d’organisation qatari pour le Mondial-2022 :
« Nous allons construire des stades où la température ne dépassera pas les 27 degrés centigrades, en utilisant une technologie fonctionnant à l’énergie solaire avec des émissions réduites de CO2 » (source La Dépêche)
Sur les 12 stades prévus pour l’événement, (ceux à construire + ceux à agrandir), tous seront reliés à un métro en construction, a indiqué pour sa part Hassan Al-Thawadi, directeur du Comité d’organisation qatari. Globalement, c’est un plan de développement des infrastructures très ambitieux que prévoit le Qatar en consacrant près de 43 milliards de dollars pour la construction de nouvelles routes d’ici 2011, et trois milliards pour la construction d’une voie ferrée (selon le Comité d’organisation).
Vidéo officielle de présentation des stades :
Pour parvenir à convaincre le monde du football du bienfondé de son projet, le comité d’organisation a utilisé les crédits quasiment inépuisables de la maison qatari pour recruter de précieux ambassadeurs.
Le Français Zinédine Zidane a par exemple apporté un soutien remarqué au pays du Golfe, en occupant même une place de choix dans la stratégie de communication du comité d’organisation.
« Il est temps de confier la Coupe du monde au Moyen-Orient. Le football appartient à tout le monde. Il est l’heure de le donner au Qatar. » a affirmé Zizou
Si son entourage évoque un choix personnel lié à son « envie d’offrir le premier Mondial au monde arabe« , le JDD révèle qu’il serait en réalité rémunéré un million d’euros pour cette prestation de 3 mois (source JDD). Ce qui explique sans doute plus sûrement pourquoi Zidane a choisi de soutenir le Qatar plutôt que la double candidature Espagne-Portugal, lui qui travaille en Espagne depuis 10 ans et dont le fils Enzo pourrait bien jouer un jour pour la sélection Espagnole…
Un autre soutien qui compte à l’heure de valider la construction des stades climatisés en plein désert, celui de l’ « écologiste » Yann Arthus Bertrand. Cela peut paraître dur à croire, mais le célèbre photographe cautionne le bilan carbone de ces stades (!) On notera au passage que la fondation du Qatar a financé une partie de la production de son film « Home« . Ceci explique peut-être cela…
Un autre ralliement surprenant est celui de Pep Guardiola, entraîneur du FC Barcelone, qui roule aussi pour le Qatar (source site officiel). Il aurait quand même semblé plus naturel que le Catalan – même s’il a terminé sa carrière de joueur dans le Golfe – s’investisse plus dans la candidature Hispano-Portugaise…
Depuis l’enquête d’Andrew Jennings, journaliste à la BBC, publié en 2006 dans son livre « Carton rouge, les dessous troublants de la FIFA » (et ayant fait ensuite l’objet de reportages télédiffusés), on sait aujourd’hui que la FIFA est tout sauf une institution transparente. De nombreuses personnalités encore en place (dont son président Sepp Blatter) ont fait l’objet d’accusations sans qu’il ne soit fourni de preuve formelle pour les discuper. La FIFA a par ailleurs la réputation de faire du chantage auprès des journalistes pour que tout le monde évite d’évoquer ces dossiers noirs. Dans ce contexte – et avec plus d’argent en jeu que jamais – il n’est donc pas étonnant que la candidature pour la Coupe du Monde 2022 ait généré des soupçons de corruption.
L’instance dirigeante du football a par exemple prononcé le mois dernier à l’encontre du Nigérian Amos Adamu, membre du comité exécutif accusé de corruption par le Sunday Times (il aurait réclamé 570.000 euros pour son vote), une « interdiction d’exercice de toute activité relative au football au niveau national et international pour une durée de trois ans » et une amende de 10.000 francs suisses (7.440 euros). De même son collègue le Tahitien Reynald Temarii a écopé d’une interdiction d’activité d’un an et a été condamné à une amende 5.000 francs suisses (3.720 euros). Pour finir quatre autres membres ont été condamnés à des suspensions de leurs activités et à des amendes. Tous sont accusés par la fédération d’avoir « enfreint plusieurs articles du code d’éthique de la Fifa » (source AFP)
Concernant les soupçons de collusion entre les candidatures du Qatar et celle conjointe de l’Espagne et du Portugal, dans le cadre de l’attribution de ces Mondiaux-2018 et 2022, la fédération a estimé qu’elle ne disposait pas « d’élément suffisant« . Évidemment.
C’est comme ça que ça marche à la FIFA : il n’y a pas d’enquête rendue publique, et du jour au lendemain certains « fusibles » sautent (en étant donné en pâture à la presse curieuse), pour permettre à la grande machine du football de se remettre en marche sans qu’elle ne s’interroge davantage sur son fonctionnement malsain…
De nombreuses réactions sur le Net interviennent en expliquant que donner l’organisation de la Coupe du Monde 2022 au Qatar serait envoyer un message fort envers le monde musulman (c’est le cas par exemple de Rue89 – même si l’article semble avoir été retiré depuis). Cela pose tout de même plusieurs questions :
L’impact social de l’évènement, d’ordinaire si cher aux politiques et à la FIFA, promet d’être aussi plutôt limité au Qatar. L’économiste du sport Frédéric Bolotny, cité par la Croix expliquait ainsi que :
« Le Qatar se sert du sport pour avoir une visibilité mondiale, mais l’utilité sociale d’une Coupe du monde en un tel lieu est contestable. À la différence de la Russie [qui est aussi candidate], où les stades serviront à leurs clubs de football. »
Pour conclure on rappellera que Londres a gagné les JO de 2012 grâce à une intervention de dernière minute de Tony Blair, qui a rencontré les membres du CIO un par un dans leur loge quelques instants avant le vote ; et que la France a obtenu cette année l’Euro 2016 d’une seule voix de plus que la Turquie dans des circonstances un peu troubles… C’est à croire que l’obtention de l’organisation des grandes compétitions sportives est encore plus dur que de les gagner.
Dans tous les cas : réponse demain !
Plus d’info :
Au début de l’année 2010, le Ministère de l’Immigration avaient estimé à 12 000 euros le coût de chaque procédure d’éloignement, mais les associations estiment le coût réel à plus de 27 000 euros par étranger à renvoyer hors de France. Alors que près de 30 000 personnes ont subit ces procédures en 2009 (29 288 exactement) cela représente un coût compris entre 350 et 800 millions d’euros par an.
Citée par le Nouvel Obs la députée socialiste Sandrine Mazetie explique que « Les documents budgétaires fournis par le ministre au moment du vote du projet de loi de finance pour 2010 sous estiment manifestement le coût de la politique d’expulsion« . La députée s’appuie sur un rapport de la commission des finances du Sénat, citant les travaux de la Cour des comptes, qui évalue le coût de la reconduite à la frontière d’une personne en situation irrégulière à 20.970 euros, ce qui représente « 15 fois plus que la somme avancée dans le projet de loi de finance 2010« . Le débat est donc vif sur le coût réel de la politique de reconduite à la frontière des clandestins.
Le nombre d’immigrés clandestins en France est évalué entre 200.000 et 400.000 personnes. Si aucun ne passait entre les mailles du filet, cela représenterait donc un coût de 2,4 à 10 milliards d’euros… Il serait peut-être temps de proposer des solutions réalistes au problèmes liés à l’immigration clandestine, au lieu de sous-estimer le coût de politiques à seules visées électoralistes.
C’est ce mercredi 24 Novembre 2010 que sort « Quartier Lointain« , l’adaptation au cinéma de la fantastique bande dessinée éponyme de Jiro Taniguchi. Un seule question brûle les lèvres de tous les fans, le film – réalisé par Sam Garbarski – sera-t-il à la hauteur du livre ? C’est peut être aussi le temps pour tous de (re)lire la bande dessinée qui reste comme un chef d’œuvre du genre.
« Thomas, la cinquantaine, père de famille, arrive par hasard dans la ville de son enfance. Pris d’un malaise, il se réveille quarante ans plus tôt, dans son corps d’adolescent. Projeté dans le passé, il va non seulement revivre son premier amour, mais aussi chercher à comprendre les raisons du mystérieux départ de son père. Mais peut-on modifier son passé en le revivant ? » (Synopsis Allociné)
Vous l’aurez compris, comme son titre ne le confirme pas « Quartier Lointain » traite du voyage dans le temps. Le thème est éculé, mais Taniguchi l’aborde ici sous l’angle de l’introspection. C’est finalement moins dans le passé que dans ses propres souvenirs que voyage le héros. On s’est sans doute tous pris au jeu à s’imaginer en train de re-vivre nos meilleures années, le héros de de cette histoire réalise ce fantasme. Que se serait-il passé si… ? Qui n’a jamais cherché à se réconcilier avec son passé ? « Quartier Lointain » c’est une histoire magnifique, récursive qui mêle nostalgie, poésie, délicatesse et auto-analyse. Une jolie fable sur le sens de la vie et de l’essentiel, le genre de livre qui se vit et dont on sort enrichi.
On connaissait Taniguchi pour ses illustrations (comment oublier les vertigineuses planches de « Le sommet des Dieux » ? Illustrant à merveille l’épopée écrite par Baku Yumemakura). Il signe ici une œuvre complète qui restera dans les annales de la bande dessinée.
Mais comment sera le film ?
Question récurrente. En cherchant du coté de l’auteur qui a donné quelques (rares) interviews, on a déjà quelques éléments de réponse :
« Je ne m’y attendais pas vraiment et j’étais très heureux qu’on me propose de l’adapter au cinéma… »
L’adaptation cinéma n’est donc pas à la base une volonté de l’auteur… Pas très bon signe…
« On m’a fait parvenir le scénario et j’ai pu donner mon avis. J’ai fait quelques suggestions portant sur des détails, mais je ne me suis pas impliqué davantage. »
On peut donc en conclure que Sam Garbarski s’est bien approprié l’histoire, et qu’il s’agit bien de « son » film. Ce qui est sans doute mieux. On a tous en mémoire ces films dont l’auteur a un peu trop contrôlé l’adaptation (alors que justement ce n’est pas leur métier premier de réaliser des films) au point de gâcher le résultat.
« Lorsque j’ai vu le film la première fois sur grand écran, j’ai été très ému. Et je crois que même les lecteurs du manga seront touchés par la version de Sam Garbarski. J’ai été frappé par certaines scènes ajoutées que je n’aurais jamais pu dessiner mais qui fonctionnent très bien au cinéma. Par exemple, la scène où Thomas danse avec sa mère et sa petite sœur est très belle, grâce à la musique notamment. Aucun dessin ne pourrait rendre la même émotion. » (Source de l’interview Evene)
Si même l’écrivain a apprécié le résultat, ça doit être plutôt bon, non ? La vraie question est sans doute plutôt : si c’était raté, il nous le dirait ? En passant de la BD au film, on note aussi que l’histoire est aussi passée du japon à la France… C’est une petite déception car le délicat portrait du japon d’après guerre fait pour beaucoup dans le charme du livre.
On rajoutera dans les autres bonnes raison d’aller voir ce film, la bande originale signé Air, qui ne peut que coller à l’atmosphère mélancolique de cette histoire
Bref, trêve de discours, on va tâcher d’aller voir ce film et on en reparlera. En attendant si vous l’avez vu… à vos commentaires !
« On n’a pas la liberté de ne pas être libre »
Albert Jacquard, scientifique et essayiste Français, (1925-2013)