Crise Grecque, plan d’austérité et agences de notation, les dessous d’un scandale européen (1/2)

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Le 29 Juin de nouvelles mesures d’austérité drastiques ont été adoptées par le parlement Grec ce qui devrait permettre le déblocage d’un nouveau plan de sauvetage de l’Union Européenne et du FMI d’ici la fin de l’été. Déjà totalement asphyxiée par le plan de l’an dernier, la population grecque encaisse mal ces nouvelles hausses d’impôts, ces réductions supplémentaires de dépenses publiques et les privatisations massives qui s’annoncent.  Pour justifier cela, on nous explique que « les Grecs ont assez triché » ou qu’ils « ont trop longtemps vécus au dessus de leurs moyens« . Le problème c’est que cette vision réductrice occulte les véritables scandales sur le fonctionnement des marchés des dettes publiques de zone euro. Analyse en deux volets expliquant en quoi ces plans d’austérité sont ni légitimes (1), ni efficaces (2).

Première partie :

Les vraies raisons de la crise de la dette publique Grecque

1/ La baisse des recettes publiques d’un État déjà faible

Grece, George Papandreou, plan d'austérité, agence de notation

George Papandréou peut faire la moue, le socialiste a fait voté un nouveau plan d'austérité... (AFP/Louisa Gouliamaki)

Comme pour les autres pays de la zone Euro, la dette publique grecque a pris une nouvelle dimension en  2008, lors de la crise bancaire et financière. Lorsque les États ont organisé un plan de sauvetage de la finance par le renflouement des banques. Ces mêmes banques qui aujourd’hui spéculent sur la capacité de la Grèce à rembourser sa dette…

Mais bien avant la crise de 2008, l’envolée de la dette Grecque résulte plus d’une baisse des recettes publiques que d’une envolée des dépenses. En effet les réformes fiscales mises en place dans un peu toute l’Europe depuis les années 90, ont permis de grandes baisses d’impôts pour la population la plus aisée et ont organisé le gonflement des dettes publiques. La Grèce pays qui a pourtant traditionnellement une pression fiscale assez faible a enregistré un des plus fortes baisses du ratio d’imposition au PIB de l’UE sur la décennie 2000 (statistiques OCDE, voir tableau A et B depuis 1999).

Cette « contre-révolution fiscale » au bénéfice des populations les plus aisées permet un double effet kiss-cool que les Économistes Atterrés appellent l’effet jackpot:

« Avec l’argent économisé sur leurs impôts, les riches ont pu acquérir les titres (porteurs d’intérêts) de la dette publique émise pour financer les déficits publics provoqués par les réductions d’impôts… » (Fausse évidence n° 6, les Économistes Atterrés)

Il y a en plus certains paradoxes en Grèce qui ne bénéficient pas aux finances publiques. Les armateurs ne payent par exemple pas d’impôts. Il n’y a non plus pas de cadastre, ce qui facilite une évasion fiscale endémique. Traditionnellement, l’État Grec, faible, n’a pas su faire payer des impôts à ceux qui peuvent en payer. Si l’on ajoute une importante économie souterraine, il y aurait de nombreuses réformes à conduire en Grèce pour assainir les finances. Remarquez en revanche que les plans d’austérités imposés par l’Europe et le FMI n’incluent pas ces réformes, alors qu’au contraire les Grecs devraient commencer par là.

2/ Des attaques spéculatives ininterrompues depuis 2009

Depuis mi-2009 la Grèce est victime d’attaques spéculatives de la part des marchés financiers. Ils y ont vu une brèche dans l’organisation financière de la zone Euro. En effet depuis les accords de Maastricht les pays Européens ont renoncé à la possibilité  d’être financés par leur banque centrale. Du coup, et contrairement à la plupart des pays développés, les pays de la zone euro dépendent totalement des marchés financiers pour financer leur dette. Dans la foulée de la crise bancaire de 2008, les marchés ont donc déclenché la spéculation sur les pays les plus faibles de la zone (les fameux PIGS: Portugal, Irlande Grèce et Espagne) au premier rang desquels la Grèce.

Les Économistes Atterrés expliquent que les attaques spéculatives sur un pays faible permettent de le fragiliser et d’obtenir des hausses d’intérêts

« Un titre financier est un droit sur des revenus futurs : pour l’évaluer il faut prévoir ce que sera ce futur. […] Lorsqu’elles dégradent la notation d’un État, [les agences de notation] accroissent le taux d’intérêt exigé par les acteurs financiers pour acquérir les titres de la dette publique de cet État, et augmentent par là-même le risque de faillite qu’elles ont annoncé. » (Fausse évidence n° 3, les Économistes Atterrés)

dette grecque

(Illustration ATTAC France)

Il s’agit donc d’un cercle vicieux. Les marchés ont intérêt à avoir un meilleurs taux d’intérêt donc à ce que la note d’un pays soit dégradée. Comme souvent en finance, ces spéculations ont aussi valeur de prophétie auto-réalisatrices : on craint que la Grèce ne puisse plus payer,  on dégrade donc la note de sa dette publique, ce qui a pour conséquence de faire augmenter les taux d’intérêt de son déficit, l’État Grec se retrouve donc effectivement en situation plus précaire et il est moins en mesure de payer: on avait donc raison de se méfier CQFD.

On ajoutera que les agences de notations sont en position d’oligopole : Fitch, Moody’s et Standard & Poors réalisent 94% du chiffre d’affaire  mondial de la profession tout en étant très rentables (de l’ordre de 40% par an !). Alors qu’elles font la pluie et le beau temps pour ceux qu’elles notent, celles-ci sont rémunérées par leurs clients. Elles ont donc une indépendance limitée, qui avait d’ailleurs été dénoncé lors de la crise des subprimes par Christine Lagarde. Avec ce système il y a un conflit d’intérêt manifeste. Si l’on prend l’exemple d’une banque, il y a d’un coté un service qui gère l’épargne (qui est noté par et qui donc rémunère l’agence de notation), et de l’autre un service qui gère le fond spéculatif en recherche de gros taux d’intérêt (qui peuvent être créés artificiellement lors de la dégradation de la note d’un État par l’agence de notation)… Difficile de croire à un cloisonnement total, lorsque l’on constate les dégradations de notes subites et irresponsables de ces derniers mois (par exemple  en Mai lors de l’annonce de la dégradation de la note grecque à 15 minutes de la clôture des marchés pour précipiter un mouvement de panique).

Les États les plus faibles de la zone euro se retrouvent donc aujourd’hui à la merci de la cupidité des marchés financiers qui les mettent à genou pour tirer un maximum de profit de leur dette. Les taux pratiqués deviennent totalement déconnectés de la réalité économique et font augmenter la dette de façon exponentielle et artificielle.

3/ L’aide de Goldman Sachs pour maquiller les comptes et entrer dans l’Euro

Une autre raison qui est à l’origine du fort taux d’endettement Grec est le trucage de ses comptes pour permettre au pays d’entrer dans la zone Euro au tournant des années 2000. Sans l’aide de Goldman Sachs, qui a mis au point un « swap » de devises qui a permis au gouvernement Grec de cacher l’étendue de son déficit aux investisseurs, les Grecs ne seraient pas rentrés dans l’Euro. Mais la France le savait et l’Allemagne aussi. Ils sont donc complices. En 2002 la banque Américaine a encore permis à la Grèce de lever un milliard de dollars de financements hors bilan (source AGEFI), ce qui n’a fait que constituer une « bombe à retardement » pour le gouvernement Grec.

Pour la petite histoire on notera que le nouveau gouverneur de la banque centrale Européenne, en remplacement de Jean-Claude Trichet, l’Italien Mario Draghi était à cette époque vice-président de la branche européenne de la banque d’affaires américaine… La boucle est bouclée.

4/ Les contrats d’armement plombent les finances

La Grèce consacre une très (trop) grosse part de son budget à l’armement. 4,3% du PIB grec est consacré a la Défense, et il y a 50 000 militaires sur 800 000 fonctionnaires. Ces dépenses militaires sont donc un trou béant dans le budget grec.

Récemment la France et l’Allemagne ont été accusés de conditionner leur aide à la Grèce au maintient des contrats d’armement avec leurs champions nationaux.  A Rue89 Daniel Cohn-Bendit donne les précisions suivantes:

« On sait que la France a obligé la Grèce à maintenir un contrat de 2,5 milliards d’euros sur des frégates françaises, un contrat de 400 millions d’euros sur des hélicoptères et un contrat sur plusieurs avions à 100 millions d’euros pièce. Il y a aussi en jeu des sous-marins allemands. »

La solidarité Européenne a donc ses limites, les marchands d’armes Franco-Allemands ont ainsi obtenu que les contrats ne soient pas remis en cause dans le cadre du plan d’austérité. Sabrer dans les dépenses militaire serait pourtant une source de baisse de dépenses substantielle pour la Grèce, plus qu’une énième réduction des prestations sociales. Mais tout est une question de priorité, et de qui la demande. En l’occurrence les prêteurs Allemands et Français ont plus émus George Papandréou que son peuple dans la rue.

Dans le même registre de la « solidarité Européenne », on notera que l’Europe dans son plan de sauvetage de la Grèce a proposé un taux à 5,5% à la Grèce. Alors certes il est meilleur que les 15 ou 25% proposé par les marchés financiers, mais la France et l’Allemagne empruntent à 3,5%. Les États Français et Allemands sont donc loin d’être perdants dans l’histoire et peuvent même financer une partie de leur dette grâce aux 2% gagnés sur ce plan de sauvetage…

Nous avons vu que la crise grecque trouve son origine dans de nombreux facteurs qui ne sont pas seulement le fait de tricheries et de dysfonctionnements internes comme on veut bien nous le faire croire. Cette crise de la dette publique est aussi due à un emballement incontrôlé des marchés qui fonctionnent en cercle vicieux et dont l’intérêt à court terme n’est absolument pas de régler le problème Grec. Les règles de fonctionnement actuelles de la finance internationale permettent des attaques en règle des marchés qui sont en mesure de « racketter » les États les plus faibles. La Grèce a certes besoin d’une ré-organisation en profondeur, mais c’est plus une règlementation financière Européenne qu’un plan d’austérité drastique qui résoudrait son problème. C’est ce que nous étudierons en détail la prochaine fois.

La seconde partie de cet article, intitulée : Le plan d’austérité, une fausse solution sera publiée la semaine prochaine.
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Citation de Jim Morrison

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Jim Morrison, leader de The Doors

« Dans la vie, j’ai eu le choix entre l’amour, la drogue et la mort. J’ai choisi les deux premières et c’est la troisième qui m’a choisi…« 

James Douglas Morrison, poète et chanteur Américain  (1943-1971)

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Éva Joly en route vers la présidentielle !

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A la surprise générale elle était cette semaine à quelques voix (49,75%) de remporter la primaire d’Europe Écologie les Verts dès le premier tour. Une grosse claque pour Nicolas Hulot le favoris des sondeurs. Mais un résultat pas si surprenant au regard du parcours fascinant d’une Éva Joly aux talents multiples. Femme de conviction et de parole elle n’a jamais reculé devant les sujets périlleux, comme le témoigne son parcours de juge d’instruction et sa lutte continue contre les fraudes de la grande finance internationale. Le genre de personnalité et de compétence dont la France aurait aujourd’hui grand besoin.

Éva aux mille profils

Eva Joly, miss Norvège 1962

Élection Miss Norvège 1962, aujourd'hui elle trouve ça "un peu sexiste"

La première chose qui frappe lorsque l’on se plonge dans la biographie d’Éva Joly c’est qu’elle semble avoir vécu plusieurs vies ! Incroyable touche-à-tout, Éva a tout essayé et presque toujours avec bonheur.

Née Gro Eva Farseth en 1943 à Oslo, d’une famille modeste, elle se fait remarquer en terminant troisième au concours de Miss Norvège en 1962. Elle part ensuite à 18 ans faire la fille au pair à Paris. A cette époque elle s’essaie à plusieurs métiers: dactylo, secrétaire chez Eddy Barclay, couturière… puis styliste et décoratrice d’intérieur. Elle épouse le fils aîné de sa famille d’accueil (Pascal Joly) alors étudiant en médecine. Ils auront ensemble deux enfants.

Elle obtient ensuite une licence en droit et un DEA de sciences politiques. Elle commence comme jeune magistrate à 38 ans au poste de conseillère juridique avant de rejoindre le pôle financier parisien en 1990. C’est le début de la carrière d’Éva Joly comme juge d’instruction ou cours de laquelle les puissants apprendront à redouter sa persévérance et son incorruptibilité. A cet époque Éva instruit trois affaires majeures qui constitueront les plus grands scandales des années 90:

  1. L’affaire Elf: qui dévoila un vaste réseau de corruption et aboutît à l’incarcération de Loïk Le Floch-Prigent en 1996
  2. L’affaire des frégates de Taïwan: qui a mis en lumière les principes de commissions et de rétro-commissions permettant le financement des partis politiques grâce à la filière française de l’armement
  3. L’affaire Dumas-Deviers-Joncour: qui oblige en 2000 Roland Dumas à démissionner de son poste de président du Conseil Constitutionnel

En 1996 Éva Joly participe aussi à l’appel de Genève, aux cotés d’autres magistrats anti-corruption européens réunis par Denis Robert (NDLR: le journaliste qui a révélé la première affaire Clearstream), pour demander un espace judiciaire européen dans le but de lutter contre les malversations financières.

Après toutes ces affaires, las de toutes les violente attaques qu’elle subit et pour ne « laisser à personne les moyens et le temps de se venger« , elle décide de rentrer en Norvège où elle devient conseillère auprès du Gouvernement pour la lutte contre la corruption au sein de l’agence de développement et de coopération (Norad). En 2005, elle crée, avec l’appui du ministère des Affaires étrangères norvégien, le « Network », réseau de juges et d’enquêteurs engagés dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. Elle intègre alors le GFI (Global Financial Integrity), un groupe de réflexion américain destiné à établir des règles incitant à plus de transparence.

Appelée par Daniel Cohn-Bendit pour rejoindre Europe-Écologie elle en devient députée Européenne en 2009. Elle poursuit dès lors sur le terrain politique son combat contre les paradis fiscaux. Forte de ces succès elle annonce en 2010 son intention de se présenter sous les couleurs écologistes à l’élection présidentielle.

Des instituts de sondage à coté de la plaque (comme d’habitude)

Eva Joly, campagne Europe Ecologie les Verts

A part Karl Lagerfeld, qui d'autre peut se prévaloir d'être reconnu avec sa seule paire de lunettes ?

Ils se sont tous planté ! Et bien comme il faut ! Que ce soit Libération qui titrait en une le 20 Juin « Primaire écologiste: l’avance de Mr Hulot » avec une caricature sans appel pour Mme Joly, ou bien le Journal du Dimanche qui annonce un match plié depuis Février. Une nouvelle preuve – s’il en faut encore – que les instituts de sondage ne valent guère mieux qu’une bonne boule de cristal. Encore que le cristal ne peut être suspecté de tentative de manipulation. Une situation inacceptable que Pandora Vox ne cesse de dénoncer, que ce soit à propos de sondages sur la fiscalité ou sur Marine Le Pen.

Mediapart consacre un article à l’analyse de ce fiasco. François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice qui a réalisé le sondage pour Libé, y explique que « les votants ne seraient pas conformes au panel« . N’est-ce pas justement son métier de trouver des panels conformes ? Ou d’émettre les réserves nécessaires lorsqu’il n’est certain de rien ? Lorsque Mediapart lui fait remarquer la faiblesse de représentativité d’un échantillon de seulement 133 personnes (comme celui qui a été utilisé), il répond qu’il « n’y voit aucun problème statistique » assurant « qu’il est possible d’en tirer des conclusions». Tout va bien donc…

Du coté du JDD Bruno Jeudy reconnait que son article sur le sujet est erroné mais se justifie « l’erreur tient à la nature du corps électoral, très mystérieux. Personne ne savait qui étaient les 10.000 à 15.000 coopérateurs venus s’inscrire sur les listes en plus des 20.000 militants. C’était un corps électoral insondable. Et on n’a pas été assez prudents. » La prudence c’est bien là le problème. Comme son confrère de Viavoice, Jérôme Fourest de l’IFOP  (NDLR: qui a travaillé pour le JDD) sort aussi une excuse plutôt vaseuse:  «les derniers sondages ont montré que pour la présidentielle, comparativement, Nicolas Hulot ne faisait pas un meilleur score qu’Éva Joly. Ils recueillaient tous les deux 6,5% d’intentions de votes.». Les électeurs  auraient donc changé d’avis juste avant le vote, voyant que Hulot n’était pas annoncé avec un meilleur score que Joly à la présidentielle. Ce sont donc les sondages qui auraient tué son sondage… Mais bien sûr !

Un programme très global pour une écolo

Eva Joly candidate EELV

Qu'on se le dise Eva Joly est déterminée !

Les instituts de sondage n’auront donc pas réussi à barrer la route à Éva Joly en lui promettant du mauvais temps. Contrairement aux militants – ce fameux panel « insondable » – ils n’ont peut être pas pris le temps d’analyser son programme: il a le mérite d’être assez ouvert.

Notamment quand on regarde ses 5 premières mesures en cas d’élection (disponibles sur le site de la primaire écologiste dans sa profession de foi) :

  1. Une loi de sortie du nucléaire
  2. Passage à la VIe République avec l’instauration du scrutin proportionnel, le non-cumul des mandats, le droit de vote des résidents étrangers
  3. Loi sur le revenu maximum
  4. Abrogation des lois sécuritaires, liberticides (dont Hadopi et Loppsi) et anti-immigrés
  5. Abrogation de la loi de contre-réforme des retraites

A part la première ce sont plus des mesures à caractère social ou structurel que écologiste. Éva Joly propose donc en réalité un programme global et pas seulement écolo-centré. A longueur de tract elle parle « d’urgence sociale et écologique » (dans cet ordre). Elle a bien compris que les Français attendaient du futur président qu’il s’occupe d’abord des urgences économiques et sociales. « Notre engagement écologiste repose sur un constat partagé : les crises économique, sociale, morale, géopolitique que nous vivons sont à la fois les conséquences et les sources de la crise écologique » annonce-t-elle. L’économique et le social seront donc les leviers de la future écologie. Voilà qui diffère quelque peu du « dogme » traditionnel des Verts. Et qui lui permet sans doute de ratisser un peu plus large que les seuls militants écologistes. C’est cet électorat que les instituts de sondages n’ont pas vu venir. La primaire de l’écologie étant ouverte il ne suffisait pas d’aller interroger les électeurs habituels d’Europe Écologie les Verts (EELV).

Comme à son habitude Éva Joly est aussi combative : « si elles veulent être efficaces, nos solutions se heurteront à des situations acquises, elles mettront en cause des forces puissantes, celles de l’argent, du profit et de l’irresponsabilité, mais aussi parfois, tout simplement, celles des habitudes. » Dans la bouche de l’ancienne juge d’instruction qui n’a pas hésité à braver les puissants, ces paroles sont d’une crédibilité d’or.

Une partie de son électorat est sans doute à aller chercher du coté des électeurs habituels du Part Socialiste. A l’heure ou l’Europe et le FMI impose un nouveau plan d’austérité à la Grèce, aussi injuste qu’inutile, quel candidat à la présidentielle – en dehors des extrêmes – pour s’opposer à ce fonctionnement scandaleux des institutions internationales au service des banques et de la finance ? Personne parmi les candidats aux primaires socialistes en tous cas ! Et surtout pas parmi les socio-démocrates du PS dont le héros Dominique Strauss-Kahn était jusqu’à il y a  peu encore à la tête du FMI. Ce courant « altermondialiste » de la Gauche, que l’on retrouve parmi les soutiens au mouvement des Indignés, pourra en revanche compter sur la combativité d’Éva Joly: « Je serai la candidate du refus de la dictature des marchés financiers, de la marchandisation et de la privatisation du monde et de nos biens communs: la vie humaine, l’eau, la terre et l’air n’ont pas de prix !« . Son CV parlant pour elle.

Alors Éva Joly ne sera peut être pas élue présidente l’année prochaine, elle a sans doute beaucoup trop d’ennemis pour cela, mais porter les couleurs écologistes à cette élection, lui permettra peut-être d’entrer au Gouvernement en cas de victoire de la Gauche. Le PS cherchant à s’attirer les faveurs de son électorat pour le second tour. Sa personnalité, son engagement et ses compétences seraient alors tout à fait rafraichissants pour notre pays.

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Citation de Jacques Brel

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Jacques Brel

« Dès qu’il y a des gens qui bougent, les immobiles disent qu’ils fuient.« 

Jacques Brel, poète et chanteur Belge, (1929-1978)

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Spéculation financière: la parabole des tulipes

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Le 6 Février 1637 a eu lieu la première crise financière de l’histoire. Au Pays-Bas le marché venait sanctionner brutalement les spéculateurs sur les bulbes de tulipe qui avaient pris en quelques années des valeurs hallucinantes. Cette « tulipomanie » – comme l’appelle le journaliste britannique Charles Mackay qui étudia le phénomène au XIXième siècle – revêt avant l’heure tous les ingrédients de nos bulles spéculatives modernes. Il est peut être temps de réviser la « parabole des tulipes »…

Arrivée de la tulipe aux Pays-Bas

Tulipe Pays-Bas 1637

Tulipe "Vice-Roi", d'un catalogue Hollandais de 1637 (Wikipedia)

Le début de XVIième siècle constitue l’age d’or des Provinces Unis (l’ancien nom des Pays-Bas.) A cette époque la guerre avec les Habsbourg d’Espagne (NDLR: la « guerre de quatre-vingts ans ») fait rage en Wallonie et en Flandre. Par effet domino ce conflit permet aux commerçants Hollandais de s’enrichir en pratiquant de lucratifs commerces. En effet les armées Espagnoles occupant l’actuel Belgique, les Provinces Unis réagissent en bloquant le port d’Anvers, ce qui en ruine le commerce et déporte l’activité vers les ports Hollandais alors en plein essor (Amsterdam, Rotterdam…) A cette époque les commerçants Hollandais sont partout, Baltique, Méditerranée, Antilles et aussi Indes avec la Compagnie des Indes Orientales créée en 1602.

C’est à cette époque que Ogier Ghislain de Busbecq, ambassadeur des Province Unis à la cour du sultan Ottoman Soliman le Magnifique rapporte des bulbes de tulipe aux Pays-Bas qui sont plantés dans les jardins botaniques. Rapidement les horticulteurs rivalisent d’ingéniosité dans la sélection des meilleurs plans. S’en suit une véritable « tulipmania » ou cours de laquelle les bourgeois fortunés – qui plantent des jardins privés à l’arrière de leur maison – s’arrachent les tulipes.

De plus en plus, les tulipes « cassées », c’est-à-dire infectées par le phytovirus, dominent le bouquet et triomphent progressivement des roses, des lys et des ancolies. Ces tubercules rares font l’objet de toutes les convoitises.

Bulle spéculative et krach

Tulipe Pays-Bas 1637, tulipomanie, bulle spéculative

Spéculation bulbes tulipes Pays-Bas (NB: l'échelle est logarithmique)

On rapporte que la valeurs des bulbes les plus recherchés peut atteindre à cette époque plusieurs milliers de florins, alors qu’un ouvrier spécialisé gagne environ 150 florins par an.

Le système encourage aussi la spéculation car les achats de tulipes ne se règlent pas comptant mais à terme : on s’engage dès l’hiver à acheter en été – au moment où il pourra être transplanté – tel ou tel bulbe, avec l’espoir de le revendre soi-même avec profit. Ce qui fait que la tulipomanie s’étend au delà des seuls horticulteurs et bourgeois amateurs de tulipes. Quiconque a de l’argent à investir se met à espérer réaliser une plu valu.

La tulipe est alors considérée un peu comme une œuvre d’art, et en 3 ans (de 1634 à 1637) la valeur des bulbes atteint des sommets absurdes. Tel bulbe aurait été échangé contre 12 ares de terrain constructible, tel autre contre le prix d’un carrosse et de son équipage. En février 1637, une variété atteint le prix record de 6 700 florins. « Le prix d’un seul oignon peut atteindre en 1637 la valeur de deux maisons, huit fois celui d’un veau gras et quinze fois le salaire annuel d’un artisan. » (Wikipedia) Les producteurs ont alors soudainement plus de mal à trouver des acquéreurs pour les oignons de tulipes devenus totalement hors de prix. C’est le krach. Le cours des bulbes chute vertigineusement et la bulle spéculative éclate.

Les ingrédients de la crise

Depuis l’analyse de Mackay, l’histoire de tulipes hollandaises a fait le tour du monde et est désormais bien connue. Ce qu’il est important de noter, c’est que l’on retrouve dans la crise de l’époque les principaux ingrédients de nos bulles spéculatives d’aujourd’hui:

  1. L’achat à terme: en achetant en hiver ce que l’on aura et que l’on payera au printemps on a au XVIième siècle la notion de paiement à terme qui est considérée aujourd’hui comme un facteur aggravant des crises spéculatives
  2. Absence de garantie: Comme cela est expliqué dans l’article sur le sujet de la Wikipédia ni l’acheteur ni le vendeurs ne fournissent de dépôt de garantie. Couplé au paiement à terme, ce fonctionnement permet à l’acheteur d’espérer se financer sur la futur revente et incite à la fuite en avant.
  3. Nouveaux marchés: à partir de 1634 la demande française et du reste de l’Europe sur les tulipes stimulent les ventes et encouragent l’arrivée des spéculateurs sur le marché. Cet élargissement du marché n’est pas sans rappeler le contexte de mondialisation qui prend largement part à nos bulles spéculatives modernes.
  4. Création de bourses: En 1636, un système analogue à une bourse de commerce où se négocient les contrats à terme de tulipes s’est mis en place au Pays-Bas. Les négociants se réunissent en « collèges » dans des auberges des grandes villes. Ils sont alors tous réunis dans les mêmes pièces suivants « en direct » les « cotations ».
  5. Implication de non initiés: En 1636, Mackay observe que les tulipes se négocient sur le marché du change dans de nombreuses villes et bourgades néerlandaises. Cela encourage alors tous les membres de la société à se lancer dans le commerce de la tulipe. Certains allant même jusqu’à vendre ou échanger tous leurs biens pour jouer sur les cours de la tulipe. Cet élargissement du jeu boursier au non-initiés est souvent considéré comme un facteur aggravant de la frénésie spéculative.

Depuis le début des années 80 (et le retour en force de la théorie libérale sur le terrain de l’idéologie économique) des études relativisent l’analyse de Mackay. Elles soutiennent notamment que la spéculation sur la tulipe n’a touché qu’un cercle restreint de commerçants et d’artisans et qu’aucun de ceux-là n’a été ruiné par l’effondrement des cours. Les contrats à terme s’effectuant sans échange monétaire, leur résiliation au moment du krach a entrainé un manque à gagner pour le vendeur mais pas de perte. Mais même si la tulipomanie a été un peu fantasmée par Mackay il serait tout de même temps de tirer les leçons de l’Histoire, car en se replongeant dans la mésaventure hollandaise on a une amère impression d’éternel recommencement.

Sources :

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Citation d’Al Capone

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Alphonso Capone prohibition

« Le capitalisme est le racket légitime organisé par la classe dominante.« 

Alphonse Capone, gangster Américain, (1899-1947)

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Citation de John Rawls

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John Rawls, a theory of justice

« La tolérance c’est tolérer l’intolérance. »

John Rawls, philosophe politique Américain, (1921-2002)

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Un candidat alternatif pour remplacer DSK au FMI

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Pandora Vox se fait le relais de l’initiative d’ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financières et l’Action Citoyenne) de présenter un candidat altermondialiste à la présidence du FMI en remplacement de Dominique Strauss-Kahn.

Aurélie Trouvé, co-présidente d'ATTAC

Aurélie Trouvé (photo La Voix du Nord)

Co-présidente d’ATTAC, Aurélie Trouvé est aussi ingénieur du GREF et docteur en sciences économiques, et maître de conférence à l’Établissement national d’enseignement supérieur agronomique de Dijon.

Pour que sa candidature soit prise en compte, il faut qu’elle soit soutenue par un gouverneur du FMI d’ici vendredi 10 juin, date limite de dépôt des candidatures.
Un comité de soutien à cette candidature est nécessaire pour appuyer cette demande auprès des gouverneurs. Pour en faire partie, vous pouvez transmettre vos coordonnées (nom, prénom, qualité) à l’adresse fmi@attac.org, ou bien renseigner directement celles-ci sur le site d’Attac France. Pour l’heure voici le communiqué de presse de l’association :

« Le FMI joue un rôle décisif dans la régulation – ou plutôt l’absence de régulation – de la finance internationale. C’est pourquoi l’association Attac a décidé de proposer une candidature pour succéder à Dominique Strauss-Kahn.

Aurélie Trouvé, 31 ans, est maître de conférences en sciences économiques et coprésidente d’Attac depuis quatre ans. Elle est spécialiste des marchés agricoles, actuellement l’un des domaines de prédilection de la spéculation financière internationale. Elle bénéficie du soutien technique et politique du Conseil scientifique d’Attac, qui comporte de nombreux économistes spécialistes des questions financières. Si elle ne bénéficie pas encore du soutien officiel d’États, sa candidature suscitera l’intérêt de tous ceux, gouvernants ou citoyens, qui désirent remettre l’industrie financière à sa place, celle de soutien aux initiatives de l’économie réelle.

Depuis l’éclatement de la crise financière en 2008, ni le G20, ni le FMI, pas plus que le comité de Bâle ou les autorités nationales de régulation financière, n’ont pris de mesures pour réduire significativement l’instabilité des marchés financiers internationaux. La spéculation fait aujourd’hui rage sur les matières premières et les titres des dettes publiques.

Avec Dominique Strauss-Kahn, la politique du FMI a consisté, comme par le passé, à défendre inconditionnellement les intérêts des créanciers des États endettés, en imposant à ces derniers des plans d’austérité brutaux : Hongrie, Ukraine et Lettonie en 2008, Islande en 2009, Grèce, Espagne, Portugal, Irlande en 2010… Les banques et les fonds d’investissement sont les principaux bénéficiaires de politiques qui détruisent les solidarités sociales et mènent l’Union européenne au bord du gouffre.

Tout indique que Christine Lagarde fera encore pire que Dominique Strauss-Kahn. Christine Lagarde a été à la tête d’une technostructure du Ministère de l’Economie (Direction Générale du Trésor et Direction du Budget), composée de fonctionnaires ultralibéraux acquis aux intérêts financiers. C’est ainsi que la France a refusé en 2010 de soutenir l’Allemagne sur la question de l’interdiction de la spéculation sur les CDS (vente à nu à découvert). Les représentants de la France à Bruxelles ont toujours freiné les maigres initiatives de la Commission sur la régulation financière. Sur la question de la taxation des transactions financières, malgré le discours apparemment offensif de Nicolas Sarkozy, le ministère de Christine Lagarde s’est toujours refusé à produire des notes et études préparant une décision, et la France ne s’est jamais engagée réellement auprès de ses partenaires de l’Union européenne ou de l’Eurogroupe.

Aurélie Trouvé propose une réorientation fondamentale du FMI, partant du principe que la stabilité financière mondiale est un bien public qui doit être démocratiquement géré par la communauté internationale dans son ensemble. Son programme pour le FMI comporte donc :

  • l’arrêt des plans d’austérité, et la mise en place d’une taxe sur les transactions financières et d’une stricte régulation des transactions sur les produits dérivés
  • la coordination des politiques économiques au plan international, amenant les pays présentant des déséquilibres excessifs (Chine, Allemagne, Japon du côté des pays excédentaires, États-Unis du côté des pays déficitaires) à se rééquilibrer de façon coordonnée par des ajustements des taux de change ainsi que des politiques budgétaires et salariales actives ;
  • le développement d’une monnaie internationale basée sur un panier des principales devises, comme alternative au dollar ;
  • l’émission de Droits de tirage spéciaux pour aider les pays en difficulté durant la période de réduction des déséquilibres internationaux ou face à des chocs conjoncturels imprévus ;
  • la démocratisation du FMI, par l’élargissement de son Conseil d’administration à tous les pays de la planète et l’intégration du FMI dans le système onusien, avec une voix pour chacun des 187 pays membres du Fonds : il s’agit d’en finir avec le pouvoir exclusif des grandes puissances.

C’est sur cette base qu’Attac a envoyé hier 1er juin 2011 au FMI la candidature officielle de Mme Aurélie Trouvé, 31 ans, économiste. Toute candidature doit être présentée par un des gouverneurs et administrateurs du FMI. L’association Attac compte sur le fair play de Christine Lagarde, actuel gouverneur du FMI pour la France.

Attac France,

Paris, le 2 juin 2011″

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Citation de Pierre Dac

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Pierre Dac, André Isaac, comédien

« Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir.« 

Pierre Dac, humoriste et comédien Français, (1893-1975)

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Court-métrage: 20 ans après « L’ile aux fleurs » n’a pas pris une ride

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Il y a un peu plus de vingt ans, Jorge Furtado réalisait « Ilha das Flores » (L’île aux fleurs), un petit film coup de poing de 12 minutes qui allait obtenir l’Ours d’Argent au Festival de Berlin de 1990. Un constat: ce que dénonçait le brésilien en 1989 est plus que jamais d’actualité.

Présenté sous l’angle didactique – limite encyclopédique – le film fait d’abord penser à un pastiche qui frise en permanence avec le décalage. Légèrement fouillis, on se demande même par moment où le narrateur veut en venir.

«  […]Les êtres humains sont des animaux mammifères, bipèdes, qui se distinguent des autres mammifères comme les baleines, ou bipèdes comme la poule, principalement par deux caractéristiques : le télencéphale hautement développé et le pouce préhenseur […] « 

Puis l’humour se fait de plus en plus grinçant, et l’on a de moins en moins envie de rire. Abonnant progressivement son coté naïf, « l’Ile aux fleurs » provoque ensuite le spectateur en révélant l’inhumanité des comportements économiques où l’être humain n’est plus prioritaire. Et Furtado nous livre finalement un film extrêmement politique.

L'Ile aux fleurs de Jorge Furtado

Il n'y a pas beaucoup de fleurs sur l'Ile aux fleurs...

Absolument culte chez les connaisseurs et aussi dans les milieux altermondialistes, l' »Ile aux fleurs » résume en 12 minutes tout ce que le mouvement dénonce avec fureur à chaque forum social mondial. Mais au delà de l’aspect militant,  il met surtout le doigt sur notre malaise grandissant face à la société de consommation de masse et une économie de moins en moins de taille humaine. C’est ce qu’expliquait Furtado lors de la sortie de son film:

« J’ai voulu montrer à un visiteur inter-planétaire comment est la Terre. Caetano Veloso dit de la baie de Guanabara que nous ‘sommes aveugles de tant la voir’. J’ai fait la même chose avec la misère brésilienne. Nous sommes devenus insensibles à force de la voir sans cesse »

Le brésilien souhaitait partager son dégoût face à cet aveuglement. Mais aussi dénoncer la logique implacable d’un système inhumain et infecte:

 » […] je suis arrivé à la conclusion que cela me dérangeait parce que c’était une chose qui était à la fois logique et immorale. Cette chose-là fait tout à fait sens; le propriétaire du terrain était plus clément que les autres parce que, lui, au moins, ouvrait son terrain aux pauvres »

Deux décennies plus tard, alors que la mondialisation a achevé la mutation de notre monde, les réalités dénoncées par « l’Ile aux fleurs » n’ont jamais été aussi vraies. Il n’y a qu’à regarder Le Cauchemar de Darwin, ou la situation du lac de Naivasha pour s’en convaincre. Et ce ne sont que des exemples parmi d’autres !

Si vous n’avez pas encore vu le chef d’œuvre, il est aujourd’hui disponible en ligne en intégralité. Et il serait dommage de se priver !

« J’ai voulu montrer à un visiteur inter-planétaire comment est la Terre. Caetano Veloso dit de la baie de Guanabara que nous ‘sommes aveugles de tant la voir’. J’ai fait la même chose avec la misère brésilienne. Nous sommes devenus insensibles à force de la voir sans cesse »

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