Citation de Franklin Delano Roosevelt

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Franklin Delano Roosevelt, United States of America, président Etats Unis

« C’est peut être un fils de pute, mais c’est notre fils de pute« 

Franklin Delano Roosevelt, 32ième président des États-Unis, (1882-1945), déclaration de 1938 à propos du dictateur du Nicaragua Anastasio Somoza García.

Retrouvez toutes les citations classées par auteur.
Publié dans Citations | Marqué avec , , , , , | Un commentaire

Spéculation à la hausse ou à la baisse, comment ça marche ?

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Suite à nos articles sur la bulle spéculative des tulipes hollandaises et sur la crise de la dette Grecque vous étiez quelques uns à vous interroger sur les différentes techniques de spéculation qui sont à l’origine des dérives que l’on connait. Cet article recense les principales ficelles permettant de spéculer dans les systèmes boursiers d’aujourd’hui. Sans être un « manuel du boursicoteur » clé en main, il a pour but d’aider à comprendre la spéculation.

La spéculation est criminelle

La spéculation criminelle (dessin de La Libre Belgique)

Pour commencer rappelons que les marchés financiers sont des lieux intégrés et interconnectés dans lesquels sont échangés des capitaux. Ces capitaux peuvent être des taux d’intérêts (i.e. le marché de la dette), des monnaies (i.e. le marché de change), des actions ou bien des matières premières.

La valeur des capitaux échangés (ou « cotation ») dépend ensuite du rapport entre l’offre et la demande. Plus il y a d’acheteur, plus la valeur monte. Inversement, plus nombreux sont les vendeurs, plus cela fait baisser le cours. Tout principe de spéculation repose donc sur l’anticipation d’une rupture dans l’équilibre de l’offre et de la demande, qui ferait varier la cotation dans un sens ou dans l’autre.

Ajoutons que les marchés financiers sont un domaine ou les notions de temps réel et de niveau d’information sont très importants. C’est pour cela que de nombreux efforts ont été menés dès les années 90 pour intégrer toutes les bourses à un système global informatisé, qui réponde en temps réel aux cotations des traders, qu’ils soient humains ou robots (logiciel de spéculation).

1/ Spéculation à la hausse

La spéculation à la hausse est le cas le plus simple, et le premier auquel on pense. Il consiste à acheter des titres avant qu’ils ne montent et de les revendre ensuite pour réaliser une plus-value :

  1. Achat de titres à un taux « faible »
  2. Montée du cours sur ces titres
  3. Revente des titres à taux plein avant leur baisse

Le fait d’acheter des titres (étape 1) déséquilibre le rapport entre l’offre et la demande en faveur des acheteurs et fait par conséquence monter le cours. Dans un premier temps la prédiction est donc une prophétie auto-réalisatrice. Le fait même de spéculer à la hausse sur un titre entraine mécaniquement sa hausse. Avec un effet pyramidal : les derniers à acheter avant que ça ne baisse perdent de l’argent en achetant des titres sur-valorisés.

Tout réside dans l’anticipation de la fin de la hausse et le choix du bon moment pour vendre. Lorsque l’on est un gros acteur du marché, il faut aussi savamment doser le nombre d’actions à acheter en étape 1 ainsi que leur calendrier d’achat : que l’on en achète trop et tout le monde comprendra le type d’opération que l’on cherche à réaliser en faisant monter artificiellement le cours. Inversement, que l’on achète insuffisamment d’actions et cela n’amorcera pas de mouvement d’achat de masse souhaité vers « le cours qui monte ».

Ainsi, si un opérateur important lance une opération de spéculation à la hausse et que le cours de l’action baisse (ex: mauvaise anticipation), il aura alors intérêt – s’il en a les moyens – à acheter plus d’actions pour espérer faire remonter le cours et lancer un mouvement vers l’achat. Ce qui bien entendu élargira sa prise de risque. Cela a un effet pervers de type casino : « tant que je ne gagne pas, je mise ».

2/ Spéculation à la baisse

La spéculation à la baisse repose sur deux principes :

  • la vente à découvert (ou shorting) : c’est à dire le paiement différé d’un achat de titre. Ex: je t’achète aujourd’hui une action que je te payerai dans 15 jours au cours qu’il aura à ce moment là
  • la possibilité de vendre ce que l’on ne détient pas encore

La logique est la suivante : un trader vend un titre qu’il ne possède pas, il attend que le marché baisse, puis achète ce titre à un tarif plus bas que celui auquel il l’a vendu :

  1. Vente de titres que l’on ne détient pas encore
  2. Baisse du cours sur ces titres
  3. Achat en différé des titres que l’on a vendu
Indice CAC40 bourse de Paris Août 2011

La chute du CAC40 début Août est imputable à des spéculation à la baisse (graphe AFP)

Comme pour la spéculation à la hausse l’anticipation est auto-réalisatrice : le fait même de spéculer à la baisse sur un titre entraine mécaniquement sa baisse. Car la vente de titres à l’étape 1 en influant sur le rapport offre/demande entraine leur baisse.

Le danger de la spéculation à la baisse réside dans le risque de « squeeze » : au final si l’action monte le spéculateur qui a misé sur une baisse sera toujours obligé de l’acheter, ce qui en outre la poussera mécaniquement à la hausse. Une baisse est toujours bornée par la valeur nulle, alors que la hausse du cours peut véritablement atteindre des sommets. Une mauvaise anticipation de baisse peut donc faire perdre des sommes d’argent bien plus importantes que l’inverse.

Si une de ses prédictions de baisse tarde à se réaliser à l’approche du terme de la vente à découvert, un opérateur qui en a les moyens peut toujours essayer d’appeler la baisse et d’influer sur les cours. Il continuera pour cela à vendre des titres en différé pour espérer lancer un mouvement à la baisse, ce qui augmente naturellement sa prise de risque.  Et comme pour la spéculation à la hausse – mais dans une logique symétrique – cela entraine des comportements pervers de type casino : « tant que ça ne baisse pas, je vends ». Gare au moment ou il faudra acheter ! Une vente à découvert de 15 jours s’interprète un peu trop souvent par les plus gros opérateurs comme un délais de 15 jours pour faire baisser le cours par tous les moyens. La rumeur est couramment utilisée.

Selon beaucoup d’économistes et d’analystes, la spéculation à la baisse et les ventes à termes sont les principales causes de la chute des Bourses de ces derniers mois. De leur coté les traders les estiment « nécessaires pour éviter les survalorisations » (Le Monde).

En résumé il faut bien voir tout cela en perspective : tous les opérateurs de marché s’observent en permanence et tentent d’interpréter le moindre signe avant coureur de l’une ou l’autre de ces stratégies de la part d’un de leur concurrent. Tout est dans une logique de bluff et de message à faire passer aux autres. L’essentiel est de savoir en combien de bandes vont s’effectuer chaque coups… De plus ces techniques de spéculation sont à analyser au regard des phénomènes de masse. Plus vous êtes gros, plus vous êtes en mesure d’influencer les marchés et mieux cela fonctionne. L’alliance (secrète) entre macro-opérateurs pour une opération est donc quelque chose de courant.

Pour un particulier en revanche, la spéculation en bourse relève du hasard au milieu des combines des opérateurs les plus importants (fonds de placement, fonds de pension, États…). C’est un peu comme si vous vous présentiez à une table de poker, avec le plus petit tapis, face à des champions de bluff et de statistiques… Si on vous laisse gagner au début, c’est pour vous mettre en confiance et vous amener à miser plus (sic). En réalité on est dans le domaine du jeu d’argent, pas de l’économie.

En conclusion nous remarquerons que sans instabilité des marchés financiers point de spéculation possible. Les traders tirent leurs revenus des échanges de titres. Donc plus il y a de mouvements de capitaux, plus il y a matière à spéculer dessus. Il n’y a donc pas à s’étonner que les marchés glissent chaque jour un peu plus vers l’instabilité, et que des mesures aussi déstabilisatrices que les ventes à terme soient toujours autorisées et non règlementées. Le problème étant que cette instabilité se fait toujours au détriment de l’économie réelle…

Sources :

Publié dans Economie | Marqué avec , , , , | 5 commentaires

Citation de Jacques Brel

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Jacques Brel

« Quand un homme n’a pas peur de coucher avec une femme, c’est qu’il ne l’aime pas.« 

Jacques Brel, poète et chanteur chanteur Belge (1929-1978)

Retrouvez toutes les citations classées par auteur.
Publié dans Citations | Marqué avec , , | 2 commentaires

Citation de Patrick Le Lay

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Patick Le Lay, TF1« Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.« 

Patrick Le Lay, PDG de TF1 (1942-), en 2004 interrogé dans Les Dirigeants français et le changement

Retrouvez toutes les citations classées par auteur.
Publié dans Citations | Marqué avec , , , | Un commentaire

Citation de Robert W. Sarnoff

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Robert W Sarnoff

« La finance c’est l’art de faire passer l’argent de mains en mains, jusqu’à ce qu’il disparaisse« 

Robert W. Sarnoff, industriel Américain, (1918-1997)

Retrouvez toutes les citations classées par auteur.
Publié dans Citations | Marqué avec , , , | 4 commentaires

Le centième de Pandora Vox !

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Vous êtes en train de lire le centième billet de Pandora Vox. Que de chemin parcouru depuis l’ouverture du site au mois d’octobre ! Alors certes il y a bien sûr nos nombreuses citations qui comptent pour une quarantaine de billets, mais une soixantaine d’articles en 9 mois c’est un bon bilan ! Au départ nous n’en espérions pas tant !

Pandora Vox, logo, blogCe dont nous sommes le plus fiers, c’est que vous êtes au rendez-vous chers lecteurs, avec plus de 5000 visiteurs uniques depuis l’ouverture du site. Et nous espérons franchir la barre des 10 000 pages lues d’ici la fin de l’été.

Parmi toutes ces visites sur nos pages, certaines ont plus retenus votre attention. Voici donc le palmarès de ces 9 premiers mois. Dans l’ordre la liste des 5 articles les plus populaires :

  1. Sortir du nucléaire: le véritable enjeu c’est le démantèlement des centrales
  2. Côte d’Ivoire : et si Gbagbo avait vraiment gagné les élections ?
  3. Equipe de France: Yoann Gourcuff victime de l’homophobie ambiante
  4. Corruption, magouilles et matchs truqués: c’était l’OM des années Tapie
  5. Rétro : comment Colin Powell a convaincu l’ONU d’accepter l’invasion de l’Irak

Viennent tout juste derrière cette liste nos « articles de fond », interviews, dossiers ou reportages qui parce qu’ils sont publiés en plusieurs parties, ou parce qu’ils sont plus récents, n’apparaissent pas dans le top 5, bien qu’ils comptent parmi les plus lus :

Pour être au tenu au courant de nos derniers articles n’hésitez pas à nous suivre sur Twitter ou bien à vous abonner à notre newsletter hebdomadaire.

Enfin nous vous rappelons que si vous souhaitez nous permettre de rester indépendants – et sans publicité – tout en améliorant la qualité de nos reportages, nos dossiers ou nos interviews, vous pouvez nous soutenir depuis notre page sur J’aime L’Info. Un énorme merci d’avance !

A très bientôt sur Pandora Vox !

Publié dans Divers | Marqué avec , | Un commentaire

Citation de Pascal Julien

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

élu Vert au conseil municipal de Paris XVIII« Il faut de la vidéo surveillance partout où les choses dangereuses se trament. Là où des complots s’élaborent, qui aboutissent à des décisions dont souffrent tant les Français […] Il faut des caméras dans le bureau de M. Woerth, il en faut dans le salon de Mme Betancourt. Je veux des caméras dans toutes les salles de l’Élysée…« 

Pascal Julien, élu Vert au conseil municipal de Paris XVIII, (1954-), déclaration du 20 septembre 2010

Extrait vidéo de la déclaration:

Retrouvez toutes les citations classées par auteur.
Publié dans Citations | Marqué avec , | 2 commentaires

Citation d’Henry Ford

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Henry Ford, Detroit, Michigan

« La négation de l’idée industrielle est la spéculation »

Henry Ford, industriel Américain, (1863-1947)

Retrouvez toutes les citations classées par auteur.
Publié dans Citations | Marqué avec , , | 2 commentaires

Crise Grecque, plan d’austérité et agences de notation, les dessous d’un scandale européen (2/2)

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Le 29 Juin de nouvelles mesures d’austérité drastiques ont été adoptées par le parlement Grec ce qui devrait permettre le déblocage d’un nouveau plan de sauvetage de l’Union Européenne et du FMI d’ici la fin de l’été. Déjà totalement asphyxiée par le plan de l’an dernier, la population Grecque encaisse mal ces nouvelles hausses d’impôts, ces réductions supplémentaires de dépenses publiques et les privatisations massives qui s’annoncent.  Pour justifier cela, on nous explique que « les Grecs ont assez triché » ou qu’ils « ont trop longtemps vécus au dessus de leurs moyens« . Le problème c’est que cette vision réductrice occulte les véritables scandales sur le fonctionnement des marchés des dettes publiques de zone euro. Analyse en deux volets expliquant en quoi ces plans d’austérité sont ni légitimes (1), ni efficaces (2).

NB : la première partie de cet article a été publiée la semaine dernière : Les vraies raisons de la crise de la dette publique grecque

Seconde partie

Le plan d’austérité, une fausse solution

1/ Ça n’a déjà pas marché la fois précédente

George Papandreou face au parlement Grec

George Papandreou en discours devant le Parlement Grec, Juin 2011 (AFP/Louisa Gouliamaki)

Nous avons étudié dans la première partie de ce dossier, pourquoi les plans d’austérité imposés à la Grèce n’étaient pas légitimes, tant la crise de la dette publique grecque est due à de multiples autres facteurs que ses seules dépenses publiques. Nous allons analyser à présent pourquoi on remet sérieusement en cause l’efficacité de ces mesures d’austérité, qui n’ont pour seul effet que de faire empirer la situation en imposant une terrible fuite en avant.

Ce plan d’austérité de Juin 2011 est le deuxième du nom pour la Grèce. Déjà en Mai 2010 le FMI et la zone euro avaient conditionné leur aide à la mise en place d’une première cure d’austérité. L’an dernier tous les deux mois le gouvernement grec annonçait des mesures plus drastiques, contraint par ses bailleurs de fond. Au final voici ce qui a été mis en place en 2010 (liste non exhaustive):

  • la suppression des 13e et 14e mois dans la fonction publique,
  • gel des salaires des fonctionnaires pendant trois ans
  • gel les pensions de retraite des fonctionnaires et des salariés du secteur privé
  • suppression du treizième mois dans le secteur privé, s’il est maintenu  c’est au prix d’une flexibilité renforcée des conditions de travail
  • la durée de cotisations retraites sera portée de 37 annuités à 40 annuités en 2015
  • ouverture de professions fermées
  • hausse de la TVA qui doit être portée à 23 %
  • augmentation des taxes sur les alcools, le tabac, les carburants et les produits de luxe

Un an après, l’efficacité du plan grec 2010 est contestée de toute part. Même au département des Affaires économiques et sociales de l’ONU, qui estime dans son rapport annuel sur la situation sociale dans le monde, que les politiques d’austérité comme celles menées en Espagne et en Grèce menacent l’emploi et mettent en péril la reprise économique. « Les mesures d’austérité prises par certains pays comme la Grèce et l’Espagne face à un endettement public excessif non seulement menacent l’emploi dans le secteur public et les dépenses sociales, mais rendent la reprise plus incertaine et plus fragile« . « Les gouvernements doivent réagir avec prudence aux pressions en faveur de la consolidation budgétaire et de l’adoption de mesures d’austérité s’ils ne veulent pas risquer d’interrompre le redressement de leur économie« . Ce rapport va même un peu plus loin en évoquant la pressions des créanciers sur les pays les plus faibles: « de nombreux pays en développement, notamment ceux qui bénéficient de programmes du FMI, subissent également des pressions pour réduire leurs dépenses publiques et adopter des mesures d’austérité » (source l’Expansion).

La vérité à moyen et long terme est que des cures d’austérité de cette ampleur sont un terrible coup d’arrêt pour l’économie des pays. C’est un frein brutal à la consommation et à la demande, et cela pousse les gens à épargner le peu qu’ils ont plutôt qu’à consommer, car plus personne n’a confiance en l’avenir. Dans ces conditions le pays plongent dans la récession, la croissance le fuit, et l’on arrive même parfois à des situations de décroissance. C’est ce qu’expliquent sans concession nos Économistes Atterrés dans leur livre:

« Il est faux d’affirmer que tout déficit public accroît d’autant la dette publique, ou que toute réduction du déficit permet de réduire la dette. Si la réduction des déficits plombe l’activité économique, la dette s’alourdira encore plus. » (Fausse évidence n° 5, les Économistes Atterrés)

2/ Les Grecs n’ont vraiment plus rien

Un an après la première cure d’austérité, on constate que les conséquences pour les Grecs ont été dramatiques. Les Grecs ont encaissés en 2010 en moyenne (salarié du public et du privé) une réduction de salaire de 20%, ils sont donc très nombreux à gagner aujourd’hui moins de 600€, et environ 40% de la population ne peut plus payer son l’électricité…

C’est dans ce contexte que l’on est en train de concevoir un nouveau plan d’austérité, malgré l’échec cuisant du précédent à rétablir la situation de sa dette. En vrac, au menu 2011, une nouvelle liste de mesures totalement démentes venant s’ajouter aux précédentes (projet du gouvernement grec, source Challenges):

  • Réduction du nombre de fonctionnaires sous contrat:
    • application sans exception du principe d’une embauche pour cinq départs et licenciements prévus: 150.000 suppressions d’emplois au total, soit plus d’un cinquième des effectifs publics.
    • Les fonctionnaires qui conservent leur poste devront travailler plus, en gagnant moins, ou parfois se mettre à temps partiel: la masse salariale publique doit être réduite de 20%.
  • Création d’un « impôt de solidarité » de 1 à 4%
  • Alignement des produits bénéficiant d’une TVA réduite à 13% au taux normal de 23%
  • Hausses des taxes sur le gaz, le tabac et les cartes grises des voitures
  • Hausses des taxes sur les signes extérieurs de richesse (yachts, piscines et voitures de luxe)
  • Durcissement des conditions d’accès aux allocations sociales et chômage
  • Réduction du montant de certaines pensions de retraite complémentaires
  • Déremboursement de certains médicaments et prestations médicales
  • Réduction des dépenses militaires
  • Réduction des investissements publics

Si certaines de ces mesures ne sont pas à jeter, comme la volonté d’imposer la tranche de la population la plus fortunée ou la réduction des dépenses militaires (NB: hors contrats intra-européen), dans le contexte actuel post cure 2010 où les grecs sont déjà exsangues, ce plan est une pure folie. Il va arrêter net l’économie hellénique et la Grèce mettra des décennies à s’en remettre. Elle est en train de devenir un pays en voie de dé-développement. Comment espérer que la croissance reparte dans ces conditions ? Le pire étant que pour les raisons expliquées ci-dessus cela ne règlera pas son problème de dette publique.

3/ Totalement asphyxiée, la Grèce est à vendre !

Manifestation devant le parlement Grec suite à l'adoption d'un nouveau plan d'austérité

Manifestation devant le parlement Grec, juin 2011 (AFP/Louisa Gouliamaki)

En parallèle des mesures 2011, le gouvernement grec prévoit aussi un nouveau plan de privatisation d’une envergure jamais vue.

En 2008 déjà, en pleine crise financière, Cosco Pacific, une entreprise chinoise, avait racheté le port du Pirée (l’un des plus grand port de Méditerranée)  pour 4,3 milliards d’euros en obtenant une concession de 35 ans (Le Figaro).

Pour 2011, comme l’explique ce calendrier fourni par l’état grec, le plan prévoit de récupérer 50 milliards d’euros en privatisant (ou en ouvrant le capital) des secteurs suivants :

  • Télécoms
  • Banques et banque postale
  • Ports et aéroport
  • Eau de Thessalonique et d’Athènes
  • Jeux (Loterie nationale, paris, hippisme, casinos…)
  • Énergie (Gaz, électricité, …)
  • Transport (chemins de fer, autoroutes,…)
  • la Poste
  • Systèmes de défense
  • Caisse de dépôt et consignation

Inutile de dire que toutes les sociétés du monde se lèchent les babines d’avance. Les géants nationaux Français et Allemands espèrent se tailler la part du lion parmi ces anciens services publics grecs. On frôle même le conflit d’intérêt quand les gouvernements Français ou Allemands conditionnent leur aide à la Grèce aux privatisations, alors qu’ils sont extrêmement liés ou même actionnaires des sociétés qui vont participer à la curée…

Dans tous les cas ces privatisations représentent une réelle perte de souveraineté pour la Grèce. Elle qui avait déjà une marge de manœuvre extrêmement réduite. Et les privatisations ayant rarement débouché sur des baisses de tarifs, les citoyens grecs n’ont donc pas fini de faire des efforts. Ou comment rendre totalement exsangue un pays déjà surendetté.

4/ Dans ces conditions, quelles (vraies) solutions pour la Grèce ?

Comme l’expliquent à Mediapart Aurélie Trouvé et Éva Joly ou bien les Économistes Atterrés dans leur livre*, la crise grecque aurait pourtant bien des solutions. Mais celles-ci sont surtout d’ordre institutionnel et au niveau européen. La zone euro et la Grèce feraient mieux de chercher des solutions dans la liste ci-dessous que dans des plans d’austérité aussi destructeurs qu’inefficaces.

  1. Autoriser la Banque Centrale Européenne (BCE) a prêter directement aux États: nous l’avons vu, les traités Européens depuis Maastricht interdisent à la BCE de souscrire directement aux émissions d’obligations publique des États européens. Ils imposent de passer par les marchés. Privés de la garantie de pouvoir toujours se financer auprès de la Banque Centrale, les pays du Sud ont ainsi été les victimes d’attaques spéculatives. Les marchés spéculent sur les dettes et travaillent avec les agences de notation pour mettre les États à genoux, de sorte que la dette s’emballe sans connexion avec la réalité. Emprunter directement à la BCE résoudrait le problème et éviterait aussi d’avoir recours à des plans de sauvetages. C’est la première urgence. Dans la foulée on pourrait aussi créer une banque de règlement européenne pour organiser les prêts entre pays Européens (proposition 19 des Économistes Atterrés)
  2. Rééchelonner voire annuler la dette grecque: il faudrait faire un audit complet de la dette publique grecque pour la rééchelonner sur une durée plus longue (type 30 ans), voire l’annuler pour les parties illégitimes. Cela a déjà été fait dans des pays en voix de développement comme l’Équateur. Il faut aussi renégocier les taux d’intérêt exorbitants des titres émis par les pays en difficulté depuis la crise.
  3. Harmoniser la fiscalité Européenne: comme expliqué dans la première partie de ce dossier la Grèce a un problème de fiscalité. De nombreux citoyens ou sociétés ne payent pas ou pas suffisamment d’impôts. Comme de nombreux pays européens la hausse de la dette publique grecque est due à une baisse des recettes publiques, conséquences de la contre-révolution fiscale des 15 dernières années. En organisant une réforme fiscale européenne, homogène pour éviter le « dumping », on s’attaquerait réellement au problème des déficits publics.
  4. Changer la façon de noter les dettes publiques: a minima, la note de la dette d’un état devrait résulter d’un calcul transparent (proposition 8 des Économistes Atterrés). L’oligopole actuel des agences de notations, ainsi que leur proximité avec les autres acteurs du marché qu’elles notent, entrainent des conflits d’intérêts trop nombreux et toxiques pour l’évolution des dettes publiques
  5. Aider la Grèce à s’attaquer à ses vrais problèmes: les vrais problèmes de la Grèce sont connus. Il ne s’agit pas des dépenses publiques, mais avant tout de la corruption, de l’économie souterraine, de la fuite fiscale… Commençons par mettre en place un cadastre par exemple, par faire payer des impôts aux plus fortunés, par traquer le travail au noir et la fraude fiscale etc… Ce qui n’est pas du tout la priorité des plans d’austérités qui auront supprimé 25% des fonctionnaires.

La vérité n’est donc pas aussi simple qu’on veut bien nous le faire croire. S’il est évident que la Grèce a besoin de se structurer et de s’organiser, les plans d’austérités n’ont pas pour objet de l’aider mais au contraire d’organiser le « pillage » du pays. Sans restructuration de la dette ils seront totalement inefficaces. La zone Euro aurait elle aussi besoin de réorganisation pour éviter les attaques spéculatives systématiques des marchés et des agences de notation complices contres ses États les plus faibles. En attendant ce sont les Grecs qui subissent des mesures drastiques et désespérées qui sont en plus totalement injustes. Avec ces plans d’austérité pour les années à venir la Grèce est tristement en voix de « tiersmondisation ».

*= Aurélie Trouvé est signataire du Manifeste des Économistes Atterrés.
Publié dans Economie, Europe | Marqué avec , , , , , , , , , | 19 commentaires

Citation d’Albert Londres

Imprimer cet article    Version PDF    Poster sur facebook    Tweeter la page    Ajouter à MySpace    Ajouter sur del.icio.us    Digg this    

Albert Londres, journaliste, bagne de Cayenne

« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.« 

Albert Londres, journaliste et écrivain, (1884-1932)

Retrouvez toutes les citations classées par auteur.
Publié dans Citations | Marqué avec , , | Laisser un commentaire